Le Journal de Montreal

Bonheur retrouvé chez les Reid

L’entraîneur-chef Andy Reid et son fils Britt sont tout près du but après une tragédie familiale

- STÉPHANE CADORETTE

MIAMI | Après 20 ans comme entraîneur-chef dans la NFL, Andy Reid n’est plus qu’à une victoire de savourer le premier triomphe de sa longue carrière au Super Bowl. S’il y parvient enfin, c’est avec son fils Britt, entraîneur des secondeurs, que le patron des Chiefs vivrait la consécrati­on. Dans le clan tissé serré des Reid, il s’agirait d’un baume après que l’enfer de la drogue ait laissé d’indélébile­s séquelles au sein de la famille.

En août 2012, c’est un autre des trois fistons d’Andy Reid qui tentait de suivre ses traces, chez les Eagles de Philadelph­ie. En plein camp d’entraîneme­nt, la nouvelle a frappé comme un coup de poignard.

Garrett Reid, 29 ans, a été trouvé mort dans sa chambre à la suite d’une overdose d’héroïne. Depuis 10 ans, il luttait sans succès contre ce fléau.

Ravagé par la peine, le père a néanmoins dirigé les Eagles pour ce qui s’est avéré sa dernière saison à leur barre. Une désastreus­e campagne de 4-12 marquée par une sombre tragédie.

Quelques années plus tôt, son frère Britt combattait aussi la même dépendance, étant même confiné à la prison après un épisode de rage au volant, en 2007. Son destin a toutefois été moins tragique, lui qui a vaincu sa dépendance et repris sa vie en main. Depuis 2013, il est sur les lignes de côté avec son père.

« Je pense à mon frère tout le temps. Il aurait adoré être ici, mais c’est un événement qui fait partie de la vie. Nous l’aimons, nous ne l’oublierons pas. Il est dans nos pensées et nos prières, mais on essaie de ne pas trop ressasser le passé, il faut aller de l’avant » a mentionné Britt Reid avec émotion lors d’un entretien avec

Le Journal jeudi.

UNE BONNE RELATION

Si Andy Reid a fait le choix de ne plus commenter les blessures du passé depuis plusieurs années, son fils ne s’étale pas non plus. Il constate cependant que la piqure du coaching l’a non seulement remis dans le droit chemin, mais lui a surtout permis de vivre une relation privilégié­e avec son père.

« Comme entraîneur, tu n’es pas souvent à la maison. Quand tu as l’opportunit­é, quand tes enfants grandissen­t, de les avoir autour de toi dans le vestiaire, c’est assez spécial.

« Je l’ai vécu d’abord comme fils d’entraîneur. Quand j’ai voulu me lancer là-dedans, ma mère m’a demandé : tu es sûr de vouloir faire ça ? Je lui ai dit que ça me plaisait trop. Maintenant que j’ai moi-même des enfants, je réalise combien il est difficile d’être loin d’eux. J’aimerais un jour vivre la même chose avec mon fils. C’est pour ça qu’on voit autant de relations père-fils dans le football. Les papas veulent être avec leurs enfants », a-t-il fait valoir.

LA CHASSE AU SUPER BOWL

Il n’y a bien sûr pas un trophée dans le monde qui puisse ramener un fils ou un frère perdu. Le drame a marqué la famille Reid pour toujours.

Les Reid ont toutefois choisi de ne jamais capituler et l’entraîneur-chef est toujours animé de ce désir insatiable d’un triomphe au Super Bowl. Le sport n’est peut-être qu’un jeu, mais un jeu rassembleu­r comme peu d’autres domaines en société.

«J’ai été aux premières loges pour constater à quel point mon père a consacré du temps et des efforts pour en arriver là. On sent que plein de gens veulent cette victoire autant que nous la voulons pour lui. C’est génial», a observé Britt Reid.

QUE DU BONHEUR

Maintenant que son père frôle l’unique victoire qui ne figure pas à son CV après 20 ans comme entraîneur-chef, la défaite n’est évidemment pas une option.

Cependant, huit ans après son dernier tour de piste déchirant à Philadelph­ie, Andy Reid s’est montré à la fois loquace, détendu et tout en humour durant la semaine du Super Bowl à Miami.

Le résultat du match ne changera rien au fait qu’en compagnie de son fils, après quelques années plus ténébreuse­s, il s’est réappropri­é un petit quelque chose encore plus précieux qu’un championna­t : le bonheur.

« Ça fait du bien de le voir aussi heureux… », a réfléchi Britt Reid, le regard pétillant.

« En espérant qu’on puisse amener ce bonheur à un autre niveau. Personne ne mérite plus une victoire que nos partisans et notre entraîneur-chef. »

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PHOTOS D’ARCHIVES, AFP Andy Reid et son fils Britt (en médaillon) espèrent avoir une bonne occasion de célébrer ensemble, ce soir, au terme du Super Bowl face aux 49ers.

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