Le Journal de Montreal

Sauvé par la cloche

- MARIO DUMONT

Justin Trudeau doit dire merci à la commission scolaire English Montreal. En refusant l’argent de son programme de contestati­on judiciaire, l’organisme lui évite une sérieuse tempête politique. L’événement reste significat­if puisqu’il nous a rappelé son hésitation dans ce dossier.

François Legault a sévèrement écorché Justin Trudeau hier, en accusant ce dernier d’insulter les Québécois. Le premier ministre québécois dénonçait cette participat­ion financière du fédéral au combat contre la Loi sur la laïcité.

Les mots de François Legault étaient durs, mais pas exagérés. Dans mon esprit, l’insulte vient surtout du flou entretenu par Justin Trudeau en campagne électorale et du refus d’assumer ses actions aujourd’hui. Il aura été sauvé par la cloche.

Souvenez-vous, dans la dernière campagne, de la réponse inventée par Justin Trudeau pour esquiver cette question claire : « Avez-vous l’intention de participer aux contestati­ons de la loi 21 sur la laïcité ? ». Question cent fois posée, réponse cent fois la même : « Pas pour l’instant ».

LA PENSÉE TRUDEAU

Personnell­ement, j’avais interprété cette réponse comme un oui, étant donné son souci de se garder la porte grande ouverte à une participat­ion aux contestati­ons. Néanmoins, cette réponse demeurait évasive et trompeuse pour l’électeur qui écoute les discussion­s de campagne afin de se faire une idée.

Il s’agissait malheureus­ement, d’une forme de camouflage de la véritable pensée du premier ministre. Le multicultu­ralisme canadien est son credo politique. La loi 21 l’horripile. Pour mieux refléter son intention, il aurait dû annoncer son intention ferme de combattre la loi par tous les moyens. Sauf qu’il craignait de perdre les sièges du Québec hors Montréal…

Mercredi, monsieur Trudeau a drôlement réagi à cette nouvelle concernant l’argent fédéral investi dans la contestati­on de la loi 21. Plutôt que d’assumer qu’il a mis en place ce programme exactement pour cette fin, il s’en lave les mains. Cette décision relèverait d’un comité indépendan­t, un processus dans lequel il n’aurait rien à voir.

Les faits ne sont pas de son côté. Ce programme de Contestati­on judiciaire avait été aboli sous Stephen Harper. Une fois au pouvoir, Justin Trudeau l’a remis en place. Ses ministres ont procédé à la nomination du Comité d’experts pour administre­r le programme en novembre 2018. À cette date, le gouverneme­nt Legault est déjà élu et son intention de faire adopter rapidement une loi sur les signes religieux est connue.

Des fonds fédéraux pour contester la loi québécoise sur la laïcité, Justin Trudeau devrait au moins s’assumer.

PAS MA FAUTE !

Si je lance une roche et qu’elle passe à travers un carreau de fenêtre, puis-je me défendre en disant : « Ce n’est pas moi, c’est la roche » ? Parce que c’est exactement ce que fait Justin Trudeau en se délestant de sa responsabi­lité. « Ce n’est pas moi, c’est mon programme ! » Un programme qu’il a lui-même créé, financé et dont il a planifié le choix des administra­teurs. Justin Trudeau aurait mieux fait de faire face à la musique et de rappeler ses conviction­s.

Cette saga n’est pas finie. La question reste entière : les avocats du fédéral vont-ils sauter dans la mêlée ? Pas pour l’instant !

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