Le Journal de Montreal

Legault et Trudeau croisent à nouveau le fer sur la laïcité

Une commission scolaire renonce à utiliser l’aide fédérale pour financer sa cause en cour

- GENEVIÈVE LAJOIE – Avec la collaborat­ion de Guillaume St-Pierre et Émilie Bergeron

« NOUS RESPECTONS L’INDÉPENDAN­CE DES INSTITUTIO­NS INDÉPENDAN­TES. »

– Justin Trudeau, premier ministre du Canada « JE PENSE QUE JUSTIN TRUDEAU INSULTE LES QUÉBÉCOIS EN FINANÇANT UN RECOURS CONTRE CETTE LOI QUI INTERDIT LES SIGNES RELIGIEUX, QUI EST APPUYÉE PAR UNE MAJORITÉ DE QUÉBÉCOIS ! »

– François Legault, premier ministre du Québec

Pomme de discorde fédérale-provincial­e, la loi sur la laïcité a donné lieu hier à une autre attaque frontale de François Legault contre Justin Trudeau.

Furieux, le premier ministre du Québec a accusé son homologue canadien « d’insulter les Québécois » en acceptant que des fonds fédéraux servent à financer une contestati­on judiciaire de la loi 21.

La Commission scolaire English-Montréal a réussi à obtenir 125 000 $ d’un programme fédéral pour attaquer devant les tribunaux la législatio­n qui interdit aux employés de l’État en position d’autorité d’arborer un signe religieux.

Devant le tollé, l’organisati­on a annoncé hier en fin de journée qu’elle renonçait à cette cagnotte fédérale.

Mais selon nos informatio­ns, la commission scolaire a déjà dépensé 373 000 $ de fonds publics provenant de son propre budget dans la contestati­on (voir autre texte ci-contre).

François Legault, lui, n’a pas digéré que son vis-à-vis fédéral s’en lave les mains. Il demande à Justin Trudeau de veiller à ce qu’aucune somme provenant des coffres fédéraux ne soit utilisée pour contester la loi 21.

« Je pense que Justin Trudeau insulte les Québécois en finançant un recours contre cette loi qui interdit les signes religieux, qui est appuyée par une majorité de Québécois ! », a-t-il pesté avant de se rendre à la période de questions à l’Assemblée nationale.

« C’est quand même pas rien ! a poursuivi le premier ministre du Québec. M. Trudeau ne doit pas se cacher derrière un programme indépendan­t. »

PAS D’INGÉRENCE

Justin Trudeau a répété hier que les fonds fédéraux avaient été accordés par un organisme indépendan­t.

Une interventi­on de sa part pour empêcher la Commission scolaire English-Montréal de toucher cette cagnotte du Programme de contestati­on judiciaire aurait été synonyme d’ingérence politique, a plaidé le premier ministre canadien.

Les libéraux fédéraux se seraient bien passés de cette controvers­e. En coulisses à Ottawa, plusieurs sources libérales ont confié leur frustratio­n de voir le premier ministre Legault s’attaquer personnell­ement à Justin Trudeau.

Selon des sources gouverneme­ntales, ce fonds demeurera accessible à ceux qui souhaitent contester la loi 21.

Le gouverneme­nt fédéral n’a aucune intention de s’ingérer dans les affaires de ce programme indépendan­t afin d’en modifier, par exemple, les critères d’admissibil­ité, confie-t-on.

ELLE POURSUIVRA SON COMBAT

En raison du « climat politique », la Commission scolaire English-Montréal a décidé de mettre une croix sur les fonds du fédéral pour contester la loi 21.

« À la lumière du climat politique actuel, de ce qui s’est passé au cours des 24 dernières heures […], il n’est pas dans l’intérêt de la communauté anglophone d’accepter les fonds », a fait valoir le porte-parole, Michael Cohen.

Pas question toutefois de laisser tomber la cause. English-Montréal poursuivra son combat contre la loi 21.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada