Son père s’est suicidé il y a huit mois
Le député libéral de Laval-des-Rapides, Saul Polo, s’est confié pour la première fois sur ce difficile deuil
QUÉBEC | « Qu’est-ce que j’aurais pu faire de plus ? » se questionne encore le député libéral Saul Polo, huit mois après le suicide de son père.
À l’occasion de la 30e Semaine de la prévention du suicide, qui se termine demain, l’élu de Laval-des-Rapides a accepté de s’ouvrir sur cette dure épreuve qu’il traverse afin de briser les tabous, mais aussi pour se libérer du poids du silence.
En entrevue, il raconte avoir d’abord voulu taire le contexte entourant le décès de son père, un geste qu’il s’explique toujours mal.
Lorsque des députés ont pris la parole à l’Assemblée nationale à l’occasion de l’adoption d’une motion sur la santé mentale l’automne dernier, M. Polo a alors réalisé l’importance de parler.
« C’est venu me chercher, je n’ai pas pu contenir mes émotions dans le Salon bleu. [Puis] j’ai réalisé qu’il fallait que j’en parle, pas pour attirer l’attention sur moi, [mais] pour attirer l’attention sur cet enjeu [le suicide] », a-t-il raconté hier dans son bureau à Québec.
DEUIL
Son père, Saul Antonio Polo, a grandement souffert du décès de sa mère à l’automne 2018.
« C’est venu remuer beaucoup de choses dans son passé. Ce n’était pas diagnostiqué, mais il y a eu une certaine période de dépression, a relaté le politicien. Je l’ai senti, ma mère l’a sentie. »
Mais le temps a passé et, comme chaque année, ses parents sont retournés dans leur Colombie natale quelques mois pendant l’hiver. Ils sont revenus au Québec au surlendemain de la fête des Mères, le 14 mai.
« Tout ce temps-là, ma mère me disait que mon père allait bien, avec la chaleur et l’environnement. Mais il y a des signes qu’elle ne pouvait pas détecter correctement », s’est souvenu Saul Polo.
Vingt-sept jours plus tard, le 10 juin dernier, son père a mis fin à ses jours à l’âge de 69 ans.
PRÉMÉDITÉ
Malgré toute l’affection démontrée à son paternel dans les semaines précédant son suicide, Saul Polo réalise aujourd’hui que son geste était prévu.
Compte tenu de l’image qu’il se faisait de son père, un fier immigrant et jeune retraité, il pouvait difficilement s’imaginer que celui-ci s’apprêtait à mettre fin à ses jours.
« On voit un peu nos parents comme des superhéros, puis on ne s’imagine jamais ce genre de chose là », a relaté le député libéral, la voix brisée par l’émotion.
VIGILANCE
« Assurons-nous d’être vigilants face à ça dans notre entourage, il y a des gens qui, des fois, vivent des situations compliquées, des défis qui peuvent paraître parfois insurmontables, a-t-il ajouté. C’est important d’approcher ces personnes et de leur dire : “je suis là pour t’aider, puis je t’aime”. »