Le Journal de Montreal

Legault veut pénaliser les médecins récalcitra­nts

Le gouverneme­nt promet une meilleure prise en charge des patients

- PATRICK BELLEROSE

QUÉBEC | La réforme du mode de rémunérati­on des médecins de famille inclura des pénalités si les patients ne sont pas pris en charge les soirs et les week-ends, assure le premier ministre François Legault.

« Ce qu’on veut, c’est modifier le mode de rémunérati­on, mais [également] s’assurer que les patients seront pris en charge et qu’il y aura des pénalités s’ils ne sont pas pris en charge sept jours sur sept », a déclaré M. Legault, hier, en réaction à un reportage de notre Bureau parlementa­ire.

Le Journal rapportait que le nouveau modèle de paiement axé sur la prise en charge des patients, proposé par le gouverneme­nt Legault, a mené à une hausse des coûts en Ontario, sans améliorer l’accès à la première ligne, selon un rapport de la vérificatr­ice générale de la province paru en 2016.

INDICATEUR­S DE PERFORMANC­E

Tout en reconnaiss­ant que « ça a coûté beaucoup plus cher en Ontario », la ministre de la Santé promet d’éviter de répéter les erreurs de la province voisine. « On a un modèle québécois qui apprend, évidemment, des écueils qu’il y a eu dans d’autres provinces », assure Danielle McCann.

Le premier ministre Legault rejette toutefois les comparaiso­ns entre le plan de son gouverneme­nt et l’expérience ontarienne.

« Ce que la vérificatr­ice générale de l’Ontario a dit, c’est qu’il n’y a pas eu de suivi en Ontario et que beaucoup de médecins de famille reçoivent la “capitation”, mais ne prennent pas en charge [des patients] le soir et la fin de semaine, avec leurs collègues. Donc, ce n’est pas du tout ce qu’on propose, nous autres, ici », poursuit-il.

Une source gouverneme­ntale confirme que les négociatio­ns en cours avec la Fédération des médecins omnipratic­iens du Québec incluront des sanctions si les cibles de suivi des patients ne sont pas atteintes.

« À partir du moment où il y a des indicateur­s de performanc­e, si tu ne les atteins pas, l’objectif, c’est qu’il y ait des pénalités au bout », confie-t-on. Il semble toutefois exclu que le gouverneme­nt Legault utilise la loi 20 de l’ex-ministre Gaétan Barrette, jamais appliquée.

PLUS CHER ?

Celui-ci a d’ailleurs fait une prédiction à l’émission Là-haut sur la colline ,àQUB radio, mercredi. Les omnipratic­iens vont accepter la réforme, mais « ils vont demander de l’argent en retour ».

Un flou persiste également à savoir si le nouveau mode de rémunérati­on coûtera finalement plus cher que le paiement à l’acte, comme ce fut le cas en Ontario. « Est-ce qu’il va falloir mettre un budget additionne­l ? Je ne le sais pas. À ce momentci, je ne peux pas vous le dire », a déclaré la ministre McCann jeudi matin.

Quelques minutes plus tard, le premier ministre tenait pourtant un discours différent. « Ce qui est prévu, c’est que ça se fasse à coût nul », a-t-il assuré.

Le leader caquiste a d’ailleurs laissé entendre que le dossier pourrait être réglé avant le dépôt du prochain budget du Québec, le 10 mars prochain. « Vous allez le voir dans le budget, il n’y a aucune somme de prévue », dit-il.

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