La maladie a raison du médecin chinois qui avait sonné l’alarme
PÉKIN | (AFP) Un des premiers médecins chinois à avoir sonné l’alarme en décembre quant aux dangers d’un nouveau coronavirus, ce qui lui avait valu des réprimandes des autorités, est mort de la maladie provoquée par ce virus hier, a annoncé l’hôpital où il était soigné.
Li Wenliang, 34 ans, est mort à 2 h 58 (heure locale) à l’hôpital central de Wuhan, la ville qui est le berceau de l’épidémie, selon un message de l’établissement sur le réseau social chinois Weibo.
Ophtalmologue dans cette métropole, il avait observé des patients présentant des symptômes similaires à ceux du SRAS, ce syndrome respiratoire qui avait pris des proportions épidémiques en 2002-2003.
LA COUR LUI DONNE RAISON
Le 30 décembre, il avait adressé un message à des collègues en leur conseillant de se protéger avec masques et combinaisons et, un peu plus tard s’est, retrouvé montré du doigt par les autorités, accusé de propager des rumeurs avec sept autres personnes.
Li Wenliang avait raconté qu’on lui avait ordonné de signer une lettre reconnaissant qu’il avait fait « des commentaires erronés » et avait « fortement perturbé l’ordre social ». La Cour suprême chinoise avait néanmoins par la suite considéré que les lanceurs d’alerte avaient été traités de manière « inappropriée ».
Il avait été ensuite contaminé en soignant des malades et était salué comme un héros sur l’internet chinois.
Sa mort a provoqué des réactions de tristesse et de colère sur les réseaux sociaux chinois.
MESURES DRACONIENNES
En Chine, des mesures de plus en plus draconiennes sont prises pour faire face à l’épidémie de pneumonie virale qui a fait 636 morts au pays. Au total 31 161 personnes ont été contaminées en Chine continentale, où un nombre croissant de villes imposent à leurs habitants de rester confinés. Ils sont des dizaines de millions à ne pouvoir sortir de chez eux.
Hors de Chine continentale, plus de 240 cas de cette maladie sont désormais confirmés dans une trentaine de pays et territoires, dont cinq au Canada.
De nombreux autres pays ont aussi musclé leurs dispositifs pour tenter d’endiguer l’épidémie.
Le Vietnam est ainsi devenu le dernier pays en date à interdire l’entrée aux voyageurs arrivant de Chine. Plus radicale, l’Arabie saoudite a prohibé les voyages sur le territoire chinois aux Saoudiens et à ses résidents étrangers, sous peine de sanctions.
Ailleurs dans le monde, de nombreux États surveillaient encore hier la température de tous les passagers en provenance de l’étranger ou de Chine.
Le taux de mortalité du nouveau coronavirus, autour de 2 %, reste pour l’heure très inférieur à celui du SRAS qui avait provoqué la mort de 774 personnes dans le monde en 2002-2003.