Chambly pourrait détruire une autre maison patrimoniale
L’état lamentable d’un duplex force les propriétaires à le mettre à terre
Une autre bâtisse patrimoniale risque de tomber sous le pic des démolisseurs à Chambly, un an après la destruction controversée de la Maison Boileau.
Le duplex situé au 13-15, rue Lafontaine, à Chambly, a été construit en 1849 et a servi de marché public jusqu’en 1880.
Il s’y tenait également des assemblées politiques, puis le bâtiment est devenu une caserne de pompiers jusqu’en 1938, avant de prendre une vocation résidentielle, selon la Ville de la Montérégie.
Les propriétaires actuels veulent maintenant le démolir en raison de l’état des lieux, et le comité d’urbanisme de Chambly a émis un avis favorable en ce sens.
Problèmes de structure et de pourriture, érosion de la fondation, infiltration d’eau et d’humidité, corrosion importante de la tuyauterie. Il en coûterait 230 000 $ pour restaurer la bâtisse, qui en vaut 155 200 $, selon un rapport d’inspection.
« Le bâtiment est rempli de moisissures. Il a tout perdu ce qu’il avait. Il ne représente plus ce qu’il représentait il y a beaucoup d’années », explique la technologue en architecture, Sacha Brodeur, d’Immeubles Balex, qui en est le propriétaire depuis 2005.
PAS POUR LA MRC NI QUÉBEC
La Ville rappelle que la bâtisse est considérée comme patrimoniale à Chambly seulement, mais ne figure pas dans l’inventaire de la MRC de la Vallée-du-Richelieu ni du gouvernement provincial.
Elle affirme qu’il ne faut pas y voir trop de rapprochements avec la Maison Boileau, construite en 1820 et démolie en 2018 en raison de son état. La Maison Boileau, qui a appartenu au patriote René Boileau, appartenait à la Ville et n’avait pas subi autant de transformations.
La mairesse Alexandra Labbé, qui s’était opposée à la démolition de la Maison Boileau, assure toujours défendre le patrimoine.
« Il y a certaines périodes dans l’histoire qui ont été marquées par une certaine nonchalance, et à un moment donné, une fois que le mal est fait, il est fait. S’il y a eu trop de transformations, c’est hyper difficile de faire une restauration », explique-t-elle.
COÛTS ÉLEVÉS
Une grande partie du patrimoine appartient à des propriétaires privés au Québec, ce qui peut provoquer des problèmes d’entretien en raison des coûts importants engendrés par les mises à niveau, selon Dinu Bumbaru d’Héritage Montréal.
« Je pense qu’il y a une sensibilité [au patrimoine] beaucoup plus grande qu’avant. Mais les gens peuvent être sensibles et se sentir démunis », explique-t-il.
M. Bumbaru croit que ça prend plus d’avantages fiscaux pour les propriétaires et de l’accompagnement par des professionnels.
Le comité de démolition tiendra une assemblée publique le 18 février. Si la destruction va bien de l’avant, le projet est de construire deux maisons unifamiliales.