Les Hells portent leurs patchs au Beach Club
Ils y font une démonstration de force, selon un expert
Des Hells Angels ne se sont pas gênés pour faire une « démonstration de force » en allant plusieurs fois faire la fête au Beach Club en arborant vêtements et bijoux à l’effigie de leur club de motards.
« Les membres choisissent quand ils portent leurs couleurs. C’est un peu comme du marquage de territoire », a affirmé hier le sergent Alain Belleau, spécialiste des motards à la Sûreté du Québec (SQ).
Le policier témoignait à titre d’expert dans le cadre des audiences du Beach Club devant la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), au palais de justice de Montréal.
Le bar à ciel ouvert de Pointe-Calumet doit se défendre devant le tribunal administratif, car la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes (RPLDM) a relevé plusieurs problématiques liées à l’établissement licencié.
Entre 2016 et 2018, on y a notamment recensé une cinquantaine d’intoxications à l’alcool ou à la drogue, des bagarres, de la vente de drogue et la présence des Hells à une douzaine d’occasions.
FORME D’INTIMIDATION
Selon la loi, « la RACJ doit refuser de délivrer un permis [d’alcool] si elle juge que [cela] est contraire à l’intérêt public ou est susceptible de porter atteinte à la sécurité publique ou de nuire à la tranquillité publique ».
Or, la présence de motards portant leurs
patchs est non seulement une forme d’intimidation utilisée par les clubs hors-laloi, mais cela peut entraîner un risque de violence physique puisque ceux-ci ne « toléreront pas que quelqu’un leur tienne tête », a illustré le sergent Belleau.
Il a cité un cas à Québec où un Hells a battu un citoyen qui tentait de prendre le même taxi que lui à la sortie d’un bar. Aucun acte de violence impliquant des motards n’a toutefois été répertorié au Beach Club et l’administration n’a aucun lien personnel ou d’affaires avec eux, selon l’expert de la SQ.
DES REPRÉSAILLES
Des Hells Angels ont néanmoins été vus sur le site situé dans les Laurentides avant et après les heures d’ouverture.
« Si quelqu’un tient tête à l’organisation, il s’expose à des représailles », a résumé Alain Belleau, spécifiant que les tenanciers de bar n’appellent jamais la police pour faire expulser des motards.
Plus tôt cette semaine, le sergent-détective Daniel Chalifoux, de la RPLDM, avait mentionné aux juges administratives Louise Marchand et France Thériault que le Beach Club possède pourtant une directive stipulant que les motards ne doivent pas porter leurs patchs sur le site.
« Mais les agents de sécurité et les policiers ne s’engageront pas dans une confrontation physique pour enlever une veste sur le dos de quelqu’un », a-t-il noté.