Le Journal de Montreal

Les Hells portent leurs patchs au Beach Club

Ils y font une démonstrat­ion de force, selon un expert

- CLAUDIA BERTHIAUME

Des Hells Angels ne se sont pas gênés pour faire une « démonstrat­ion de force » en allant plusieurs fois faire la fête au Beach Club en arborant vêtements et bijoux à l’effigie de leur club de motards.

« Les membres choisissen­t quand ils portent leurs couleurs. C’est un peu comme du marquage de territoire », a affirmé hier le sergent Alain Belleau, spécialist­e des motards à la Sûreté du Québec (SQ).

Le policier témoignait à titre d’expert dans le cadre des audiences du Beach Club devant la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), au palais de justice de Montréal.

Le bar à ciel ouvert de Pointe-Calumet doit se défendre devant le tribunal administra­tif, car la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes (RPLDM) a relevé plusieurs problémati­ques liées à l’établissem­ent licencié.

Entre 2016 et 2018, on y a notamment recensé une cinquantai­ne d’intoxicati­ons à l’alcool ou à la drogue, des bagarres, de la vente de drogue et la présence des Hells à une douzaine d’occasions.

FORME D’INTIMIDATI­ON

Selon la loi, « la RACJ doit refuser de délivrer un permis [d’alcool] si elle juge que [cela] est contraire à l’intérêt public ou est susceptibl­e de porter atteinte à la sécurité publique ou de nuire à la tranquilli­té publique ».

Or, la présence de motards portant leurs

patchs est non seulement une forme d’intimidati­on utilisée par les clubs hors-laloi, mais cela peut entraîner un risque de violence physique puisque ceux-ci ne « toléreront pas que quelqu’un leur tienne tête », a illustré le sergent Belleau.

Il a cité un cas à Québec où un Hells a battu un citoyen qui tentait de prendre le même taxi que lui à la sortie d’un bar. Aucun acte de violence impliquant des motards n’a toutefois été répertorié au Beach Club et l’administra­tion n’a aucun lien personnel ou d’affaires avec eux, selon l’expert de la SQ.

DES REPRÉSAILL­ES

Des Hells Angels ont néanmoins été vus sur le site situé dans les Laurentide­s avant et après les heures d’ouverture.

« Si quelqu’un tient tête à l’organisati­on, il s’expose à des représaill­es », a résumé Alain Belleau, spécifiant que les tenanciers de bar n’appellent jamais la police pour faire expulser des motards.

Plus tôt cette semaine, le sergent-détective Daniel Chalifoux, de la RPLDM, avait mentionné aux juges administra­tives Louise Marchand et France Thériault que le Beach Club possède pourtant une directive stipulant que les motards ne doivent pas porter leurs patchs sur le site.

« Mais les agents de sécurité et les policiers ne s’engageront pas dans une confrontat­ion physique pour enlever une veste sur le dos de quelqu’un », a-t-il noté.

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Policier expert des motards
ALAIN BELLEAU Policier expert des motards

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