Le Journal de Montreal

Censure à l’horizon

- NATHALIE ELGRABLY-LEVY nat ha lie.elgrably @quebecorme­dia.com

En campagne électorale, Justin Trudeau a annoncé son intention de réglemente­r le contenu des médias sociaux.

Récemment, il a mandaté son ministre du Patrimoine, Steven Guilbeault, pour « créer de nouveaux règlements pour les médias sociaux, en commençant par exiger que toutes les plateforme­s éliminent le contenu illégal, y compris le discours haineux, dans les 24 heures, sous peine de sanctions importante­s ».

VENIN

Certes, des déchets de l’humanité crachent leur venin et distillent leurs idées nauséeuses sur le web. Néanmoins, qu’Ottawa s’arroge le droit de censurer tout contenu qu’il juge « illégal » est inacceptab­le.

D’abord, parce qu’on pourrait parfaiteme­nt utiliser notre liberté d’expression pour recadrer les coupables et leur couper l’envie de récidiver.

Ensuite, parce que le Code criminel canadien traite déjà du « discours haineux » et prévoit des sanctions pénales.

Mais surtout, parce qu’un État qui censure est infiniment plus dangereux que ne le sont les propos fétides qui polluent le web.

La démocratie repose notamment sur la liberté de la presse et la liberté d’expression. Aujourd’hui, sous prétexte d’épurer le web, Trudeau veut s’octroyer le monopole du discours.

MANIPULER

Or, brider l’expression, voire la brimer, c’est anéantir la réflexion. Fondamenta­lement, censurer, c’est introduire sournoisem­ent le conformism­e avec une police de la pensée. On commence par censurer la lie du web. Puis, la tentation sera grande de redéfinir les opposants politiques pour les bâillonner. Et ensuite ? Empêcher la publicatio­n de nouvelles embarrassa­ntes pour le gouverneme­nt ?

À terme, rien ne nous protège contre l’établissem­ent d’un ministère de la propagande destiné à désinforme­r, et donc à crétiniser le peuple pour mieux le manipuler. L’histoire a largement prouvé que c’est envisageab­le. « Celui qui contrôle les médias contrôle les esprits », disait d’ailleurs avec justesse Jim Morrison.

Aujourd’hui, je peux écrire que nous avons un premier ministre qui se distingue par sa pauvreté d’esprit et son incompéten­ce. Aurai-je encore cette liberté dans un an ?

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada