Le Journal de Montreal

Hydro mise sur une PME d’ici pour rattraper son retard à l’étranger

La société d’État injecte 661 M$ dans Innergex et repart à la conquête du monde

- PHILIPPE ORFALI

Après avoir tenté, en vain, de mettre le cap sur les marchés étrangers depuis son arrivée à Hydro-Québec, Éric Martel reconnaît maintenant qu’il ne pourra y parvenir seul. Le PDG a annoncé, hier, un partenaria­t de 1,1 milliard $ avec Innergex pour des projets « dans le monde entier ».

En vertu de cette entente, Hydro-Québec va investir 661 M$ dans la Longueuill­oise Innergex, qui exploite déjà 37 centrales hydroélect­riques, 26 parcs éoliens et cinq installati­ons solaires au Québec, ailleurs au Canada, aux États-Unis, en France et au Chili.

Elle détiendra donc près de 20 % des actions de la compagnie, ce qui en fait son plus important actionnair­e.

Hydro s’engage également à investir un demi-milliard additionne­l dans « de futurs projets d’énergie renouvelab­le dans le monde entier », et ce d’ici trois ans.

« Hydro-Québec va bénéficier des projets déjà existants et des initiative­s qu’Innergex ferait seule, et on a un plan de développem­ent qu’on appelle un joint venture (une coentrepri­se), 50-50 selon la nature des investisse­ments, des projets qui vont être mis dans des entités séparées et qui seront gérés de façon autonome », a expliqué le PDG d’Innergex, Michel Letellier, hier.

ACQUISITIO­N EN MARS ?

Cet argent devrait notamment servir à financer les besoins en capitaux liés à l’achat potentiel de deux installati­ons en exploitati­on, l’une aux États-Unis et l’autre au Chili, pour lesquelles Innergex et Hydro sont actuelleme­nt en négociatio­ns, a expliqué M. Letellier. Cette acquisitio­n pourrait être complétée dès mars 2020, selon lui.

Son homologue à Hydro-Québec s’est félicité de ce partenaria­t hors du commun pour la société d’ État .« On a toujours dit qu’ on aurait une approche rigoureuse pour l’internatio­nal, a affirmé M. Martel, hier. Là, on prend un autre véhicule. Innergex est en Amérique du Sud, du Nord, en Europe. Ce sont les mêmes corridors qu’on ciblait, nous, à l’internatio­nal. Comme ça, on a un pied sur ces territoire­s. »

M. Martel n’a pas exclu une prise de participat­ion plus importante dans Innergex à moyen terme, mais l’entente prévoit actuelleme­nt qu’Hydro ne pourra détenir plus du quart des actions de l’entreprise.

PLAN INACHEVÉ

Rappelons que selon le plan Martel de 2015, l’expansion internatio­nale devait être au coeur de la stratégie 2016-2030 de la société d’État, afin de doubler les revenus d’ici là, pour atteindre 27 G$.

Les acquisitio­ns d’infrastruc­tures devaient, selon ce plan, former les trois quarts de la croissance internatio­nale, les 25 % restants étant principale­ment les exportatio­ns d’hydroélect­ricité vers l’Ontario et les États du nord-est des États-Unis.

Or, l’Ontario a fermé la porte à l’électricit­é québécoise, et certains volets de la stratégie américaine ont du plomb dans l’aile (voir autre texte).

Innergex a inauguré à la fin de 2019 le plus important parc solaire du Texas au coût de 525 millions de dollars.

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PHOTO PHILIPPE ORFALI Les grands patrons d’Hydro-Québec et Innergex, Éric Martel et Michel Letellier, hier, lors de la signature de l’entente de 1,1 milliard $, à Montréal.

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