Une première usine de terres rares hors d’Asie
Québec octroie un prêt sans intérêt de 1,7 M$ au projet
La première usine de recyclage d’aimants de terres rares à l’extérieur de l’Asie verra le jour à Saint-Bruno-de-Montarville, sur la Rive-Sud, d’ici la fin de l’année, a annoncé hier Ressources Géoméga.
« On va avoir la première usine de recyclage de terres rares à l’extérieur de l’Asie », s’est félicité Kiril Mugerman, PDG de Ressources Géoméga, qui vaut près de 20 M$ en bourse.
Fondée en 2009, Ressources Géoméga, qui a son siège social à Boucherville, va récupérer les déchets d’aimants pour faire de la poudre de terres rares, qu’elle revendra à des fabricants de métal qui feront des pièces pour les Tesla, Apple et Samsung.
NOUVEL OR
De plus en plus recherchées, les terres rares sont des métaux qui servent à fabriquer des produits de haute technologie, comme des téléphones ou des tablettes.
« On va s’approvisionner de l’Asie, de l’Europe, des États-Unis et de l’Amérique du Sud. Si je peux avoir des déchets chinois, je vais les prendre », a poursuivi Kiril Mugerman.
Avec une équipe d’à peine 10 employés, Ressources Géoméga prévoit déjà des ventes de 10 millions $ avec des profits avoisinant les 2 millions $ dès l’an prochain.
Hier, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui octroie un prêt sans intérêt de 1,7 million $ pour soutenir le projet de 3,2 millions $ de la PME, a souligné l’importance stratégique d’un projet comme celui-ci pour l’ensemble du Québec.
« La production de terres rares dans une logique d’économie circulaire constitue un atout majeur pour le Québec et contribuera à renforcer notre position de chef de file dans l’électrification des transports », a-t-il indiqué par communiqué.
MARCHÉ DE 1,2 G$
Encore méconnu, le marché de l’aimant est évalué à 1,2 milliard $ dans le monde. De plus en plus d’entreprises commencent à recycler les aimants des haut-parleurs de voitures ou d’appareils électroniques pour tirer profit de ce juteux marché.
Chaque année, plus de 160 000 tonnes d’aimants sont utilisées sur la planète dans les moteurs électriques, éoliennes, téléphones et laveuses. Une manne pour Ressources Géoméga.
Pour l’entreprise, les restes de terres rares ou d’aimants destinés aux poubelles sont une véritable mine d’or.
« En Chine, ils récupèrent 20 % de leur production de terres rares, mais ce sont à peu près les seuls », a souligné Kiril Mugerman.
« Il y a des compagnies qui ramassent des disques durs des ordinateurs, mais qui ne savent pas quoi faire avec ça, en Asie. On va leur dire de venir nous voir », a conclu l’homme d’affaires québécois diplômé en géologie de l’Université McGill.
Ressources Géoméga est propriétaire du gisement de terres rares Montviel, au nord de Lebel-sur-Quévillon, dans le Nord-du-Québec. Elle détient aussi près de 20 % de Kintavar Exploration inc., une société d’exploration minière de cuivre de Mitchi, au nord de Mont-Laurier.