Le Journal de Montreal

C’est la faute aux fusions et à la numérisati­on

- ALEX DROUIN Collaborat­ion spéciale

Les fusions municipale­s du début des années 2000 ainsi que la numérisati­on des dossiers sont pointées du doigt pour expliquer les pertes d’éléments de preuves par les corps policiers québécois.

« On a vu, à l’occasion, des pièces qui étaient manquantes pour des dossiers qui ont été transférés entre les différents corps de police lors des fusions [municipale­s] au début des années 2000 », indique le lieutenant Hugo Fournier, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ).

Le policier reconnaît que certains vieux dossiers de disparitio­ns sont incomplets.

Le transfert de ces enquêtes du papier vers le numérique a également causé des problèmes, comme ce fut le cas pour le dossier de Diane Carrier, qui semble avoir été perdu lors de ce processus.

L’ÂGE DE PIERRE

« C’était l’âge de pierre pour les archives dans ces années-là. Si on faisait un contrôle de la qualité, on verrait qu’il en manquerait plusieurs autres », croit Paul Laurier, expert en affaires policières.

« Si la personne qui archive ou transfère les dossiers n’est pas archiviste, on peut se retrouver avec n’importe quoi […] puisque chacun a sa façon de procéder », explique Cédric Champagne, directeur du Service des archives et de gestion des documents de l’Université du Québec à Montréal.

« Il y a un manque d’archiviste­s dans les domaines publics. Ça prendrait une formation en archivage pour gérer ces dossiers », ajoute-t-il.

M. Laurier croit que les compressio­ns budgétaire­s ont pu nuire à l’archivage des dossiers des années antérieure­s.

« Quand on doit couper, c’est souvent l’informatiq­ue qui écope », assure-t-il.

CONSERVER TOUT

Hugo Fournier, de la SQ, avoue qu’ils doivent parfois « travailler pour récupérer les erreurs du passé ».

« Il faut faire avec ce qui a été fait [...], et ce n’était pas nécessaire­ment évident », ajoute-t-il.

Or, il assure que les vieux dossiers qui étaient sur papier sont toujours conservés et qu’ils ne sont jamais détruits lorsqu’ils ne sont pas résolus.

« Il faut par contre comprendre que les normes, les technologi­es et le contexte dans lequel les enquêtes étaient menées à l’époque étaient tout autres. Juger des actions de l’époque avec nos yeux d’aujourd’hui est donc un exercice assez difficile », a fait savoir par courriel le service des communicat­ions du Service de police de la Ville de Montréal.

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