C’est la faute aux fusions et à la numérisation
Les fusions municipales du début des années 2000 ainsi que la numérisation des dossiers sont pointées du doigt pour expliquer les pertes d’éléments de preuves par les corps policiers québécois.
« On a vu, à l’occasion, des pièces qui étaient manquantes pour des dossiers qui ont été transférés entre les différents corps de police lors des fusions [municipales] au début des années 2000 », indique le lieutenant Hugo Fournier, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ).
Le policier reconnaît que certains vieux dossiers de disparitions sont incomplets.
Le transfert de ces enquêtes du papier vers le numérique a également causé des problèmes, comme ce fut le cas pour le dossier de Diane Carrier, qui semble avoir été perdu lors de ce processus.
L’ÂGE DE PIERRE
« C’était l’âge de pierre pour les archives dans ces années-là. Si on faisait un contrôle de la qualité, on verrait qu’il en manquerait plusieurs autres », croit Paul Laurier, expert en affaires policières.
« Si la personne qui archive ou transfère les dossiers n’est pas archiviste, on peut se retrouver avec n’importe quoi […] puisque chacun a sa façon de procéder », explique Cédric Champagne, directeur du Service des archives et de gestion des documents de l’Université du Québec à Montréal.
« Il y a un manque d’archivistes dans les domaines publics. Ça prendrait une formation en archivage pour gérer ces dossiers », ajoute-t-il.
M. Laurier croit que les compressions budgétaires ont pu nuire à l’archivage des dossiers des années antérieures.
« Quand on doit couper, c’est souvent l’informatique qui écope », assure-t-il.
CONSERVER TOUT
Hugo Fournier, de la SQ, avoue qu’ils doivent parfois « travailler pour récupérer les erreurs du passé ».
« Il faut faire avec ce qui a été fait [...], et ce n’était pas nécessairement évident », ajoute-t-il.
Or, il assure que les vieux dossiers qui étaient sur papier sont toujours conservés et qu’ils ne sont jamais détruits lorsqu’ils ne sont pas résolus.
« Il faut par contre comprendre que les normes, les technologies et le contexte dans lequel les enquêtes étaient menées à l’époque étaient tout autres. Juger des actions de l’époque avec nos yeux d’aujourd’hui est donc un exercice assez difficile », a fait savoir par courriel le service des communications du Service de police de la Ville de Montréal.