Le banquier qui rêvait d’éducation pour tous
C’est avec émotion que j’ai appris le décès de l’ancien président de la BMO, Jacques Ménard.
Je n’étais pas un proche, toutefois nos chemins se sont croisés plus d’une fois, et ces rencontres m’avaient permis d’apprécier la simplicité et le grand coeur de l’homme.
L’image austère et glaciale qu’on peut prêter à un banquier ne s’est jamais vraiment manifestée dans nos relations.
CÔTE À CÔTE
En 2004, président de la CSQ depuis peu, je me suis retrouvé membre du groupe consultatif sur l’état des finances publiques et les changements démographiques. Ce comité mis en place par le premier ministre Jean Charest devait fournir des pistes de solution pour le Forum des générations afin d’assainir les finances et d’affronter le fléchissement démographique.
Les rencontres se tenant à la Caisse de dépôt et placement du Québec, je me suis retrouvé assis au côté de Jacques Ménard.
Je ne le connaissais pas personnellement si ce n’est qu’il avait une réputation de bâtisseur et qu’il présidait la BMO.
Jacques Ménard reflétait un calme olympien durant toutes nos discussions, qui n’étaient pas toujours sans heurts, entre leaders étudiants, syndicaux, patronaux et financiers.
Les Henri Massé, Henri-Paul Rousseau, Daniel Johnson, Pier-André Bouchard, Alban D’Amour, entre autres, avaient des points de vue bien arrêtés sur les solutions à mettre de l’avant pour l’assainissement des finances publiques, et le groupe ne put parvenir à l’élaboration de pistes communes à soumettre au Forum des générations.
Malgré tout, Jacques Ménard demeurait un fervent partisan de la concertation pour permettre au Québec d’affronter les enjeux du nouveau millénaire.
Ses interventions étaient continuellement orientées vers l’apaisement et une volonté de recentrer le débat sur l’essentiel dans le respect des uns et des autres.
SI ON S’Y METTAIT
Après cette aventure, nous nous sommes perdus de vue durant quelques années. Ce n’est que cinq ans plus tard qu’on s’est retrouvé dans une grande rencontre sur l’éducation et la persévérance scolaire. Il était là, lui qui voulait une éducation de haut niveau pour tous les jeunes Québécois.
Même après toutes ces années, il me demanda comment allaient mes enfants, car à travers les débats sur les finances publiques, nous avions tout de même pris le temps de parler famille.
Après 2008, nous nous sommes retrouvés dans plusieurs évènements, et chaque fois, il prenait des nouvelles de ma famille comme si le bien-être de chacun était une préoccupation constante chez lui.
Ses interventions étaient continuellement orientées vers l’apaisement et une volonté de recentrer le débat sur l’essentiel dans le respect des uns et des autres
Jacques Ménard voulait mobiliser toutes les forces vives pour la réussite effective de tous les enfants à l’école. Ses efforts de concertation n’ont pas connu tous les effets escomptés parce qu’il s’en trouvait pour considérer comme suspect l’intérêt d’un banquier pour l’éducation. Pourtant, Jacques Ménard avait raison de croire que ce serait plus efficace si nous mettions tous l’épaule à la roue et que nous poussions dans la même direction.
À sa façon, il a changé le monde de l’éducation en le revalorisant !