L’école, otage de la politique
Les commissions scolaires sont abolies ! Vive les centres de service !
Le gouvernement Legault peut célébrer. Voilà une autre promesse électorale remplie, une nouvelle victoire contre la bureaucratie.
L’affrontement sur le bâillon a offert un débat prévisible autour du déni de démocratie et de l’obstruction des partis d’opposition. Une belle diversion qui a permis d’occulter les vrais enjeux soulevés par la réforme de la gouvernance scolaire.
QUELS PROGRÈS ?
Faut-il le rappeler, la loi 40 ratisse bien plus large que l’abolition des commissions scolaires. Gouvernance, carte scolaire, regroupements de services avec l’école privée, majoration des notes, modalités de redoublement des élèves, tout y passe.
Le ministre Jean-François Roberge plaide que la CAQ vient ainsi de rapprocher les décisions de ceux qui sont sur le terrain, soit les directions d’écoles, les enseignants et les professeurs. Si seulement c’était simple.
Prenons l’exemple des conseils d’administration des futurs centres de service. Cinq parents, cinq membres du personnel scolaire et cinq membres de la communauté y siégeront dix fois par an. Donc, qui va gérer le système au quotidien ? Qui va trancher les litiges, allouer les ressources ?
Les fonctionnaires, les mêmes qui oeuvrent au sein des commissions scolaires.
Qui va plaider la cause des écoles défavorisées ou isolées ? Un parent bénévole va-t-il faire le tour de toutes les écoles de son secteur pour en saisir les défis et investir le temps nécessaire pour trouver des solutions ? Poser la question, c’est y répondre.
On peut faire le procès des commissions scolaires tant qu’on veut. Le défi, ce n’était pas seulement de les abolir, mais de les remplacer par la meilleure formule possible. L’absence de consensus autour de la réforme Roberge suggère un verdict implacable.
RENDEZ-VOUS MANQUÉ
Bien sûr, le système d’éducation se retrouve coincé entre des intérêts divergents : les professeurs, les directions d’écoles, les syndicats, la bureaucratie, la poignée de parents engagés.
Le grand brassage de structures autour de l’abolition des commissions scolaires aurait dû être l’occasion pour tous de mettre leurs intérêts corporatistes de côté en faveur d’une réflexion collective autour de nos enfants, de leurs besoins. Il aurait fallu aussi trouver une façon d’interpeller les parents de la majorité silencieuse, trop souvent impuissants face à cette machine infernale.
Mais non. Il fallait agir vite ! Et dans la hâte, tous ces acteurs se sont rabattus sur leurs vieux réflexes. Encore une fois, l’école s’est retrouvée prisonnière d’un bras de fer idéologique. Quel gâchis !
L’absence de consensus autour de la réforme Roberge suggère un verdict implacable.