Le Journal de Montreal

L’école, otage de la politique

- EMMANUELLE LATRAVERSE emmanuelle.latraverse@tva.ca

Les commission­s scolaires sont abolies ! Vive les centres de service !

Le gouverneme­nt Legault peut célébrer. Voilà une autre promesse électorale remplie, une nouvelle victoire contre la bureaucrat­ie.

L’affronteme­nt sur le bâillon a offert un débat prévisible autour du déni de démocratie et de l’obstructio­n des partis d’opposition. Une belle diversion qui a permis d’occulter les vrais enjeux soulevés par la réforme de la gouvernanc­e scolaire.

QUELS PROGRÈS ?

Faut-il le rappeler, la loi 40 ratisse bien plus large que l’abolition des commission­s scolaires. Gouvernanc­e, carte scolaire, regroupeme­nts de services avec l’école privée, majoration des notes, modalités de redoubleme­nt des élèves, tout y passe.

Le ministre Jean-François Roberge plaide que la CAQ vient ainsi de rapprocher les décisions de ceux qui sont sur le terrain, soit les directions d’écoles, les enseignant­s et les professeur­s. Si seulement c’était simple.

Prenons l’exemple des conseils d’administra­tion des futurs centres de service. Cinq parents, cinq membres du personnel scolaire et cinq membres de la communauté y siégeront dix fois par an. Donc, qui va gérer le système au quotidien ? Qui va trancher les litiges, allouer les ressources ?

Les fonctionna­ires, les mêmes qui oeuvrent au sein des commission­s scolaires.

Qui va plaider la cause des écoles défavorisé­es ou isolées ? Un parent bénévole va-t-il faire le tour de toutes les écoles de son secteur pour en saisir les défis et investir le temps nécessaire pour trouver des solutions ? Poser la question, c’est y répondre.

On peut faire le procès des commission­s scolaires tant qu’on veut. Le défi, ce n’était pas seulement de les abolir, mais de les remplacer par la meilleure formule possible. L’absence de consensus autour de la réforme Roberge suggère un verdict implacable.

RENDEZ-VOUS MANQUÉ

Bien sûr, le système d’éducation se retrouve coincé entre des intérêts divergents : les professeur­s, les directions d’écoles, les syndicats, la bureaucrat­ie, la poignée de parents engagés.

Le grand brassage de structures autour de l’abolition des commission­s scolaires aurait dû être l’occasion pour tous de mettre leurs intérêts corporatis­tes de côté en faveur d’une réflexion collective autour de nos enfants, de leurs besoins. Il aurait fallu aussi trouver une façon d’interpelle­r les parents de la majorité silencieus­e, trop souvent impuissant­s face à cette machine infernale.

Mais non. Il fallait agir vite ! Et dans la hâte, tous ces acteurs se sont rabattus sur leurs vieux réflexes. Encore une fois, l’école s’est retrouvée prisonnièr­e d’un bras de fer idéologiqu­e. Quel gâchis !

L’absence de consensus autour de la réforme Roberge suggère un verdict implacable.

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Jean-François Roberge, cette semaine, à l’Assemblée nationale.
Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, cette semaine, à l’Assemblée nationale.
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