Le Journal de Montreal

Est-ce qu’un menteur a des chances de changer ?

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Je traverse une période bien trouble alors que je devrais être en paix vu mon âge avancé et la simplicité de ma vie quotidienn­e. Pour ne rien vous cacher, j’ai 75 ans. J’ai trois enfants et sept petits-enfants qui devraient faire mon bonheur, mais quelque chose est venu l’assombrir.

Divorcée du père de mes enfants en 1998, je me suis remariée six ans plus tard avec un homme doux, sensible et honnête, qui est malheureus­ement décédé il y a trois ans. J’ai vécu avec lui les plus belles années de ma vie, lesquelles m’ont fait oublier les années tourmentée­s que j’avais passées avec mon ex.

J’avais épousé un homme d’affaires prospère qui avait toutes les qualités d’un super vendeur, y compris celle de contourner la vérité, pour ne pas dire de mentir, afin de parvenir à ses fins. Dès les premières années de notre mariage, j’avais eu vent de certaines de ses frasques, mais je fermais volontaire­ment les yeux pour ne pas troubler la paix familiale.

Je menais une vie de bourgeoise que bien des femmes m’enviaient, et que moi-même j’avais alors du mal à quitter vu les avantages que ça représenta­it. Les enfants ont grandi. J’ai senti le besoin de m’émanciper, et c’est là que j’ai mesuré l’ampleur des mensonges dans lesquels mon mari m’entretenai­t. C’est quand il m’a trompée avec une de mes meilleures amies que j’en ai eu assez de passer pour une « nounoune ». J’ai alors demandé le divorce. La suite je vous l’ai décrite plus haut.

Mon problème actuelleme­nt c’est que le père de mes enfants a une santé chancelant­e, qu’il n’a plus de femme attitrée depuis deux ans puisque ses conquêtes ont toutes fini par fuir ce fabulateur né, qu’il a dit à nos enfants qu’il referait bien vie commune avec moi, et que mes enfants me pressent de dire oui, vu que je suis seule moi aussi de mon côté.

Mais j’hésite, car je sais que si son corps est fragile et mal en point, sa tête elle, ne l’est pas, puisque je suis sortie avec lui à quelques reprises et qu’il a déjà commencé son entreprise de séduction avec moi. Il y a quelque chose qui me retient de succomber et je suis incapable de mettre le doigt dessus. D’autant plus que je m’en voudrais de sacrifier ma totale liberté pour un homme dont je connais tous les travers. Pensez-vous, comme le dit une de mes amies, qu’un menteur l’est toute sa vie, ou qu’il a pu guérir de ce travers avec le temps ? Non pas que, rendu à son âge, je craigne qu’il me trompe avec une autre femme. Je parle plutôt ici de tous ces mensonges au quotidien qui viennent ruiner la confiance. Ambivalent­e

Il faudrait vous interroger sérieuseme­nt sur la raison fondamenta­le qui vous fait hésiter à ce point à plonger dans cette aventure. Est-ce vraiment à cause de la propension de cet homme à mentir, habitude qui en passant a de grosses chances de toujours faire partie de son modus operandi, ou bien estce la non-envie de reprendre du service auprès de quelqu’un à qui vous devriez sacrifier une liberté si chèrement gagnée ? Et je ne parle pas juste ici de la liberté de corps. Je parle surtout de la liberté d’esprit que vous avez acquise en le quittant pour retrouver le respect de vous-même. Un respect perdu pendant toutes ces années où vous vous étiez laissé illusionne­r par les avantages d’un mariage qui vous accordait un statut social, mais qui bafouait votre statut personnel de femme, en sapant à sa base votre respect de vous-même.

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