Le Journal de Montreal

TRAITÉ COMME LES AUTRES

Joueur au talent exceptionn­el, Alexis Lafrenière a beaucoup appris avec Serge Beausoleil

- Marc de Foy MdFoyJDM marc.defoy @quebecorme­dia.com

RIMOUSKI | Quelles améliorati­ons Alexis Lafrenière a-t-il apportées à son jeu depuis qu’il évolue avec l’Océanic de Rimouski ? Son entraîneur Serge Beausoleil, qui cumule aussi les fonctions de directeur général de l’organisati­on rimouskois­e, raconte une anecdote en guise de réponse.

« À son arrivée, je lui ai dit que le plus grand service que je pouvais lui rendre était de le traiter sur le même pied que ses coéquipier­s, relate Beausoleil.

« Je lui ai dit que, lorsqu’il tournerait à gauche au lieu d’aller sur la droite, il m’aurait sur le dos. »

Les choses ont été difficiles au cours des premiers mois.

« Alexis n’avait jamais entendu parler de couverture défensive dans sa zone, continue Beausoleil.

« Il a dû apprendre à bien se positionne­r en maintenant son bâton sur la glace. Il a amélioré son jeu sans la rondelle, et quand les meilleurs font ça, ça montre le chemin aux autres.

« Il a fait des pas de géant à ce niveau. C’est la même chose en ce qui a trait à son alimentati­on, ses études et ses relations avec ses coéquipier­s. »

LES BIENFAITS DE L’HUMILITÉ

Mais s’il est une chose, Lafrenière n’est pas une tête brûlée. Ses parents lui ont inculqué les vertus de l’humilité. Ils ont même refusé que leur fils soit surclassé alors qu’il évoluait au niveau bantam AAA avec les Seigneurs des Mille-Îles.

« Ses parents estimaient qu’il devait jouer dans son groupe d’âge », explique Beausoleil.

Certains parents de joueurs surdoués insistent pour que leur garçon obtienne le statut de joueur exceptionn­el. On le voit parfois dans les rangs juniors. Au Québec, Joe Veleno, qui évolue dans l’organisati­on des Red Wings de Detroit, a été l’un des cas les plus récents. Il s’était joint aux Seadogs de St.John à 15 ans.

« Ça ne fait pas toujours de belles histoires, rappelle Beausoleil.

« C’est très délicat. Les joueurs de ce type font l’objet d’attentes surévaluée­s. On veut que les meilleurs soient bons. »

C’est le cas de Lafrenière, de qui on dit depuis déjà trois ans qu’il sera le premier choix de la cuvée 2020 du repêchage de la Ligue nationale de hockey.

« Alexis a du talent, mais il se comporte humblement, reprend Beausoleil.

« C’est un bon coéquipier. Il est facile à diriger. Il veut être le joueur qui fait la différence. Je n’ai jamais eu de problèmes avec lui.

« On fait de la gestion au quotidien avec nos joueurs. On leur apprend à vivre en communauté. On est une microsocié­té ici.

Tous les joueurs doivent être sur la même longueur d’onde. »

PAS UN NATUREL EN CLASSE

Beausoleil ajoute que Lafrenière met aussi les efforts dans tout ce qu’il fait à l’extérieur de la patinoire, que ce soit au gymnase ou à l’école.

« Il ne l’a jamais eu facile au niveau scolaire, dit-il.

« Ça n’a jamais été sa priorité, mais il met les bouchées doubles. J’apprécie ce qu’il fait en ce sens. »

Beausoleil s’y connaît en la matière puisqu’il a été professeur d’histoire au Séminaire Saint-François, à Saint-Augustin-de-Desmaures, près de Québec.

ENCORE PUR

Tout compte fait, Lafrenière est du type idéal à diriger pour un entraîneur.

« Vaut mieux les retenir que les pousser, enchaîne Beausoleil.

« On doit parfois protéger Alexis

contre lui-même. La fatigue le rattrape au niveau mental quand il en fait trop. Je peux dire après cinq minutes s’il va connaître un gros match ou pas.

« Ça fait trois ans que je le dirige. Je connais tous ses défauts et toutes ses qualités. Quand il se lève sur le banc, je sais qu’il veut sauter sur la glace. »

Mais Lafrenière a encore le caractère de l’adolescent qui a dû quitter le domicile familial à 15 ans pour aller poursuivre son rêve dans le Bas-Saint-Laurent.

« C’est un gars très attachant, continue Beausoleil.

« Il a une belle inconscien­ce et une pureté qui n’est pas altérée au moment où on se parle. Ce serait mentir [de dire] qu’il ne ressent pas l’énorme enjeu qui est derrière tout ça. Mais, quelque part, il a un détachemen­t qui lui est salutaire, je pense. »

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CRÉDIT PHOTO MARTIN CHEVALIER Ancien professeur d’histoire, Serge Beausoleil en est à sa neuvième saison derrière le banc de l’Océanic de Rimouski.

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