Il nous manque tellement
C’était dimanche matin. Dans la belle ville enneigée de L’Assomption, le soleil brillait de tous ses feux. L’émotion était dans l’air. Au Théâtre Hector-Charland, nous étions en effet nombreux au coup d’envoi officiel de la future Maison Jacques-Parizeau.
Nommée en l’honneur de l’ex-premier ministre et ex-député de L’Assomption, décédé le 1er juin 2015, elle accueillera et hébergera des artistes en résidence. Jacques Parizeau et la culture ? Plusieurs s’en étonneront. Le fait est pourtant que ce grand économiste et homme d’État exceptionnel était aussi un amoureux passionné de culture.
Il aimait souvent rappeler que la Révolution tranquille fut non seulement l’oeuvre de quelques politiciens et hauts fonctionnaires particulièrement déterminés, mais aussi de nos chansonniers et de nos poètes.
Au début de la cérémonie, une vidéo coup de coeur (www.youtube.com/
watch?v=O2ldE9H_FL8) a même fait couler des larmes dans la salle. Sans avertissement, la voix chaude de Jacques Parizeau retentissait dès les premières images : « N’ayez pas peur. N’ayez pas peur de rêver. N’ayez pas peur de construire une société qui soit à l’image de vos ambitions. »
N’AYEZ PAS PEUR
Ces mots, M. Parizeau les avait prononcés en 2013, au premier congrès du parti indépendantiste Option nationale, maintenant dissous. « N’ayez pas peur » était son appel aux plus jeunes à rêver grand. Ces mêmes mots sont gravés sur sa pierre tombale pour les prochaines générations.
Comme quoi, la quête de la liberté ne saurait se penser sans le socle essentiel de la culture. Également député de l’Assomption, le premier ministre François Legault était présent pour rendre un hommage senti au grand bâtisseur que fut Jacques Parizeau.
Au coeur de l’actualité, la présence dans la salle de la députée péquiste Véronique Hivon rappelait aussi qu’en pleine course à la chefferie, sa candidature aurait sûrement été prometteuse pour l’avenir d’un parti en besoin urgent d’énergies nouvelles.
SOUFFLE DE VIE
Le magnifique discours de Mme Lisette Lapointe, veuve de M. Parizeau, rappelait, quant à lui, l’importance du devoir d’honorer et de se souvenir. La contribution majeure de Jacques Parizeau à la modernisation accélérée du Québec le mérite amplement.
Son amour du Québec et de ses gens était tel que sa seule option possible fut de rêver très grand. Pour eux et avec eux. N’est-ce pas la condition sine qua non à toute action exigeante ? L’émotion
qui, dans cette salle, a monté au seul son de sa voix, en était le reflet parfait.
Chez tous ces gens réunis au Théâtre Hector-Charland, souverainistes ou pas, le constat était unanime : cet homme nous manque tellement. Sa passion, sa droiture, son intelligence et sa grande générosité d’esprit et de coeur manquent terriblement au Québec.
Les artistes bientôt accueillis à la nouvelle Maison Jacques-Parizeau seront bien chanceux. En ses murs, ils seront portés par sa force inébranlable et la certitude éclairée qu’il avait voulant qu’un peuple doive prendre soin de sa culture, sous toutes ses formes. C’est son souffle de vie. C’est la substantifique moelle de son existence.
LEGAULT