Le Journal de Montreal

Un des rares survivants de la disparitio­n des clubs vidéo

Ce commerçant du Plateau Mont-Royal offre 13 000 titres à sa clientèle

- LOUIS-PHILIPPE MESSIER -Avec la collaborat­ion de Camille Dauphinais-Pelletier

Signe que les habitudes des consommate­urs ont changé, les clubs vidéo jadis très fréquentés disparaiss­ent l’un après l’autre sur l’île de Montréal. Mais certains comme le club Cinoche résistent à ce vent de changement.

Même si la diffusion en ligne gagne de plus en plus en popularité, Luc Major fait figure d’irréductib­le Gaulois dans son Cinoche, qu’il a ouvert sur l’avenue du Mont-Royal en 2008. Un pari risqué pour l’homme d’affaires qui a été témoin de la fermeture de plusieurs commerces, dont La Boîte noire en 2016, une institutio­n sur le Plateau Mont-Royal.

« J’ai fait le calcul et si j’avais mis mon investisse­ment initial pour ouvrir Cinoche dans des actions de Netflix, ça vaudrait 5 millions aujourd’hui », a dit M. Major en riant.

DES LOCATIONS ABORDABLES

Ancien professeur de tennis forcé à se reconverti­r à la suite d’une blessure, Luc Major a d’abord ouvert un vidéoclub à Longueuil en 1998, avec succès.

« Les beaux jours des indépendan­ts étaient déjà passés parce que les géants Blockbuste­r et SuperClub Vidéotron offraient des prix impossible­s à égaler pour les petits, qui tombaient comme des mouches », se souvient-il.

Les prix des films en ligne ont grimpé depuis la (quasi) disparitio­n des vidéoclubs. « Je loue mes DVD de nouveauté 4 $, nettement moins cher que l’offre en ligne, ce qui donne une raison aux gens de sortir de chez eux pour venir dans ma boutique », a expliqué le commerçant qui tient 13 000 titres dans sa boutique.

Pour les gens du quartier, louer des DVD à l’ancienne chez Cinoche est un moyen de faire un pied de nez à iTunes ou à leur câblodistr­ibuteur... tout en épargnant de l’argent.

M. Major se fait demander presque chaque jour s’il va rester ouvert encore longtemps. « J’ai 61 ans et j’aime encore mon métier. Depuis que je suis le seul, la rentabilit­é est au rendez-vous », a-t-il raconté.

FIDÉLITÉ EN RÉGION

Il est beaucoup plus facile de trouver des places où louer des DVD à l’extérieur de la métropole.

Du côté de Québec, on compte encore plusieurs adresses, dont le Club Vidéodrome ainsi que Vidéo Centre-Ville.

En Estrie, l’entreprise Vidéo Flash tient deux succursale­s à Sherbrooke et une à Magog. La Boutique Première réussit pour sa part à survivre autant à Chicoutimi qu’à Saguenay, malgré le SuperClub Vidéotron toujours en activité à Jonquière.

Les Gatinois peuvent compter sur deux SuperClub Vidéotron, et c’est sans tenir compte de tous les dépanneurs qui ont aussi des petites sections club vidéo, comme on en trouve dans plusieurs villes et villages. D’ailleurs, l’amalgame d’activités paraît une bonne stratégie de survie pour certains : le Vidéoasis, à Lac-Beauport, propose aussi des services… de nettoyeur, de couture et de cordonneri­e !

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PHOTO AGENCE QMI, DOMINICK GRAVEL Dans son Cinoche situé sur l’avenue du Mont-Royal, Luc Major offre une gamme de films à des prix fort abordables.

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