Le Journal de Montreal

PQ : une course intéressan­te

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Le PQ peut-il renaître ?

La course à la chefferie du Parti québécois se montre plus intéressan­te que prévu. Les trois candidats déclarés, Sylvain Gaudreault, Paul St Pierre Plamondon et Frédéric Bastien ont des positions suffisamme­nt contrastée­s pour qu’on puisse s’attendre à un vrai débat.

Première question : que faire de l’indépendan­ce ? Comment la remettre de l’avant quand les Québécois préfèrent le détour autonomist­e au grand élan vers la souveraine­té ? C’est Paul St-Pierre Plamondon qui a pris les devants avec audace : le PQ ne peut plus traiter sa raison d’être comme un boulet. Il doit assumer pleinement sa volonté de faire l’indépendan­ce.

INDÉPENDAN­CE

Pour cela, il promet un référendum dans un premier mandat. S’inspirant de Jacques Parizeau, il soutient que la souveraine­té ne redeviendr­a mobilisatr­ice que si on peut se mobiliser en sa faveur. On ne doit plus la traiter comme un rêve lointain, mais comme un objectif politique. Après l’avoir critiquée, Sylvain Gaudreault, qui représente l’establishm­ent péquiste post-référendai­re, s’est rallié à cette idée.

Frédéric Bastien propose autre chose : pour lui, la course au référendum est suicidaire. Il refuse l’attentisme, toutefois. Il propose plutôt de forcer des négociatio­ns constituti­onnelles pour pousser le Canada à la crise de régime en dévoilant son refus du moindre compromis avec le Québec. C’est une option légitime.

Deuxième question : celle de l’identité. Elle est déterminan­te et se concrétise­ra autour de celle de l’immigratio­n. Alors que la CAQ a baissé les seuils d’immigratio­n de manière minimalist­e depuis 2018, Sylvain Gaudreault propose de les ramener à 50 000. En d’autres mots, il s’approprie les seuils fixés par les libéraux.

Au mieux, et je veux bien lui donner le bénéfice du doute, il s’agit de naïveté. Au pire, il s’agit de lâcheté devant le lobby diversitai­re qui accuse de racisme tous ceux qui critiquent l’immigratio­n massive. Pourtant, ces seuils dépassent largement nos capacités d’intégratio­n et contribuen­t à l’anglicisat­ion de la région de Montréal et à sa partition mentale d’avec le reste du Québec. Le PLQ lui-même mise sur l’immigratio­n massive pour verrouille­r l’avenir politique et démographi­que du Québec.

Frédéric Bastien voit les choses autrement. Il affronte clairement l’empire du politiquem­ent correct et entend ramener les seuils à 25 000 par année. Il refuse aussi le multicultu­ralisme et le clientélis­me qui l’accompagne. Par ce simple positionne­ment, il oblige les péquistes à regarder la réalité en face. Il est fidèle à son slogan et pratique un nationalis­me décomplexé.

PSPP

Reste à voir ce que proposera Paul St-Pierre Plamondon. Il a déjà témoigné de sa vive inquiétude pour l’avenir du français et s’est montré très sévère envers le multicultu­ralisme. Il se réclame aussi du nationalis­me. S’il plaide également pour une vraie baisse des seuils, il surprendra très avantageus­ement. Il marquerait le ralliement du centre-gauche éclairé aux aspiration­s identitair­es des Québécois.

Sur la question sociale et environnem­entale, la concurrenc­e sera moins vive. Il y aura probableme­nt un consensus entre les candidats. Sans contester un instant l’importance de ces enjeux, ce n’est pas par eux qu’ils se démarquero­nt.

Comment conjuguer souveraine­té et identité ? Telle sera la question.

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Paul St-Pierre Plamondon
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