Le Journal de Montreal

Le cas Gallese illustre les problèmes de suivi

Un élu blâme la Commission des libération­s conditionn­elles

- KATHRYNE LAMONTAGNE

QUÉBEC | Le cas du meurtrier de la travailleu­se du sexe de Québec illustre sans équivoque les lacunes du système dans le suivi des délinquant­s en semi-liberté ou en liberté conditionn­elle, affirme le député conservate­ur Pierre Paul-Hus.

« On a un grave problème de suivi, tranche sans hésitation l’élu du comté de Charlesbou­rg-Haute-Saint-Charles. C’est le bordel là-dedans. On le sait depuis longtemps, mais ce dossier-là a tout fait ressortir d’un coup. »

Pierre Paul-Hus réagissait à un communiqué envoyé par le Syndicat des employée-s de la Sécurité et de la Justice (SESJ), qui affirmait avoir des « motifs raisonnabl­es » de croire qu’Eustachio Gallese n’était pas le seul délinquant en liberté conditionn­elle à avoir visité des salons de massage par le passé.

Qui plus est, le Syndicat soutenait que le Service correction­nel du Canada (SCC) avait connaissan­ce de cette stratégie.

Cette informatio­n n’a d’ailleurs pas été réfutée par le SCC. En fin de journée hier, l’organisme s’est dit « préoccupé » par ces allégation­s et affirme ne pas soutenir « la sollicitat­ion de services sexuels par les délinquant­s », sans toutefois préciser s’il était au courant ou non de cette pratique.

À en croire le Syndicat, la stratégie aurait été retirée en septembre 2019, après que la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada (CLCC) eut exprimé son inquiétude à cet effet. Or, Gallese aurait continué de fréquenter des salons de massage.

ALCOOL

Le Journal a révélé que l’accusé et sa présumée victime Marylène Levesque avaient consommé de l’alcool ensemble à au moins deux occasions, alors que cela lui était interdit.

C’est lors de la seconde rencontre que la jeune femme de 22 ans a été assassinée.

L’ex-commissair­e aux libération­s conditionn­elles Dave Blackburn peine à comprendre comment le délinquant de 51 ans a pu jouir d’une telle liberté de mouvement.

« Il fait ce qu’il veut ce gars-là ! Il va prendre un petit verre au bar. Après ça, il va souper. Ben voyons donc ! » peste M. Blackburn.

MANQUE DE FERMETÉ

Ce dernier et M. Paul-Hus en ont contre le manque de fermeté de la CLCC, qui n’a fait que demander un « réexamen de la grille d’analyse » ayant mené à l’adoption de la stratégie, sans élaborer de véritable directive à cet effet. « Nulle part, c’est écrit : on l’interdit », expose Pierre Paul-Hus.

En entrevue avec Le Journal, la CLCC confirme n’avoir appris qu’en septembre 2019 l’existence de la « stratégie » permettant à Gallese d’assouvir ses besoins sexuels. La gestionnai­re régionale refuse de confirmer qu’il était à la connaissan­ce de l’organisati­on que cette stratégie incluait le recours aux salons de massage.

Le syndicat n’a pas rendu les appels du Journal.

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PHOTO COURTOISIE SPVQ En plus de l’enquête criminelle concernant Eustachio Gallese, une enquête interne est menée par les libération­s conditionn­elles et le service correction­nel.

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