Bénir un tableau à l’épicerie
Un abbé de Saguenay partage son temps entre l’église et un marché d’alimentation
SAGUENAY | Habitué de prêcher la parole de Dieu lors de ses célébrations liturgiques, le prêtre Mario Tremblay avait le goût d’un autre défi pour se rapprocher davantage de la communauté de Saguenay. Ainsi, il lui arrive fréquemment de descendre les marches de l’autel pour servir les clients d’un marché d’alimentation.
À 53 ans, l’abbé Mario Tremblay travaille en tant que commis depuis trois ans et demi. « J’ai travaillé en paroisse pendant plusieurs années, mais je commençais à trouver ça lourd, a confié celui qui revêt la soutane depuis 20 ans. J’avais le désir depuis des années d’être au coeur du monde. Je rêvais depuis longtemps d’avoir un travail comme ça. »
UNE SURPRISE
Quand Mario Tremblay s’est offert pour travailler, le propriétaire du commerce, Alimentation Robert Blackburn, a été surpris, mais il a vite compris pourquoi. « Quand il nous a expliqué sa démarche, on a tout de suite compris que c’était quelque chose de bien », a ajouté M. Blackburn.
M. Tremblay est donc devenu « prêtre-ouvrier ». Il travaille une trentaine d’heures par semaine à l’épicerie et il préside plusieurs cérémonies.
« Parfois, je pars pendant une heure ou une heure et demie pour aller faire une célébration et je reviens travailler après, a-t-il confié. J’aime être prêtre avec les gens. J’adore célébrer. »
SOURIANT ET TRAVAILLANT
Les employés du commerce n’ont que de bons mots pour leur collègue de travail. « Super serviable. Tout le temps souriant. Il est vraiment gentil, a affirmé Josée Gagnon. « Mario, il est souriant. Il est accueillant, très travaillant », a ajouté Chantale Paré.
BÉNÉDICTION À L’ÉPICERIE
Pendant son travail à l’épicerie, des clients ne lui parlent pas toujours de fruits et légumes.
« Une dame qui avait trouvé un tableau dans un marché aux puces était gênée de l’amener à l’église pour le faire bénir. Elle est arrivée ici, le matin, avec son cadre pour que je lui bénisse », a raconté l’abbé.
Des moments cocasses surviennent aussi. « J’étais à genoux à placer des affaires. Il y a un client qui arrive et qui ne savait pas que j’étais prêtre et qui dit, il n’y a pas que les curés qui peuvent se mettre à genoux », a indiqué le prêtre en souriant.
« Un livreur venait pour livrer de la bière. Il dit, “si je n’avais pas voulu travailler, j’aurais dû faire un prêtre”. Au bout de quelques secondes, il me demande, tu travaillais où avant ? Je lui ai dit, j’étais prêtre. Et là, il reste tout mal. Il dit, “oups, il faut faire attention à ce que l’on dit”. »