Le Journal de Montreal

Bénir un tableau à l’épicerie

Un abbé de Saguenay partage son temps entre l’église et un marché d’alimentati­on

- JEAN-FRANÇOIS TREMBLAY

SAGUENAY | Habitué de prêcher la parole de Dieu lors de ses célébratio­ns liturgique­s, le prêtre Mario Tremblay avait le goût d’un autre défi pour se rapprocher davantage de la communauté de Saguenay. Ainsi, il lui arrive fréquemmen­t de descendre les marches de l’autel pour servir les clients d’un marché d’alimentati­on.

À 53 ans, l’abbé Mario Tremblay travaille en tant que commis depuis trois ans et demi. « J’ai travaillé en paroisse pendant plusieurs années, mais je commençais à trouver ça lourd, a confié celui qui revêt la soutane depuis 20 ans. J’avais le désir depuis des années d’être au coeur du monde. Je rêvais depuis longtemps d’avoir un travail comme ça. »

UNE SURPRISE

Quand Mario Tremblay s’est offert pour travailler, le propriétai­re du commerce, Alimentati­on Robert Blackburn, a été surpris, mais il a vite compris pourquoi. « Quand il nous a expliqué sa démarche, on a tout de suite compris que c’était quelque chose de bien », a ajouté M. Blackburn.

M. Tremblay est donc devenu « prêtre-ouvrier ». Il travaille une trentaine d’heures par semaine à l’épicerie et il préside plusieurs cérémonies.

« Parfois, je pars pendant une heure ou une heure et demie pour aller faire une célébratio­n et je reviens travailler après, a-t-il confié. J’aime être prêtre avec les gens. J’adore célébrer. »

SOURIANT ET TRAVAILLAN­T

Les employés du commerce n’ont que de bons mots pour leur collègue de travail. « Super serviable. Tout le temps souriant. Il est vraiment gentil, a affirmé Josée Gagnon. « Mario, il est souriant. Il est accueillan­t, très travaillan­t », a ajouté Chantale Paré.

BÉNÉDICTIO­N À L’ÉPICERIE

Pendant son travail à l’épicerie, des clients ne lui parlent pas toujours de fruits et légumes.

« Une dame qui avait trouvé un tableau dans un marché aux puces était gênée de l’amener à l’église pour le faire bénir. Elle est arrivée ici, le matin, avec son cadre pour que je lui bénisse », a raconté l’abbé.

Des moments cocasses surviennen­t aussi. « J’étais à genoux à placer des affaires. Il y a un client qui arrive et qui ne savait pas que j’étais prêtre et qui dit, il n’y a pas que les curés qui peuvent se mettre à genoux », a indiqué le prêtre en souriant.

« Un livreur venait pour livrer de la bière. Il dit, “si je n’avais pas voulu travailler, j’aurais dû faire un prêtre”. Au bout de quelques secondes, il me demande, tu travaillai­s où avant ? Je lui ai dit, j’étais prêtre. Et là, il reste tout mal. Il dit, “oups, il faut faire attention à ce que l’on dit”. »

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PHOTOS CAPTURES D’ÉCRAN En plus de s’adresser aux fidèles lors de célébratio­ns (photo du bas), l’abbé Mario Tremblay travaille dans une épicerie.
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