Lutte d’une classe
J’ai visionné le film lors d’un séjour à Paris en juin dernier. Quelques jours auparavant, j’avais visité le camp de concentration Natzweiler-Struthof en Alsace. Les deux activités m’ont douloureusement fait prendre conscience que les gens mal pris tendent à s’entretuer plutôt qu’à s’unir pour se sortir du pétrin !
CHACUN POUR SOI
Dans le film une famille pauvre use de subterfuges pour éjecter les domestiques d’une famille riche afin d’accaparer leur emploi. Cependant, ces manigances les mettent à la merci du chantage des anciens domestiques. Les nouveaux craignent de perdre leurs privilèges, alors que les anciens tentent de les regagner. Pourtant, tous auraient pu profiter de l’abondance du riche propriétaire.
Le scénario m’évoque la conjoncture dans laquelle s’entreprend la ronde de négociations dans le secteur public. Après des années de coupures et de restrictions, les travailleurs du gouvernement rêvent d’un meilleur sort avec des finances publiques qui sont florissantes. Malheureusement, ils se présentent en rangs dispersés aux tables de négociation après avoir renoncé à un front commun. Chacun essaiera d’arracher le maximum, bien que le gouvernement ait ciblé des privilégiés pour cette ronde.
Comme le prisonnier qui se conforte d’être le favori du geôlier sans se soucier du sort de ses congénères, il pourrait être tentant pour les travailleurs des catégories privilégiées de vouloir passer à la caisse en laissant d’autres collègues sur le carreau. Cependant, Struthof rappelle qu’à défaut de solidarité, le mauvais jour t’attend tôt ou tard.
LE MUR
Le film met l’accent sur les tensions au sein d’une même classe sociale, bien loin de la lutte des classes décrites par Marx. Il illustre la fragmentation des forces au sein de groupes de même intérêt et leur échec assuré.
Tout en étant un chef-d’oeuvre, le film s’avère un excellent prédicteur de la déconfiture des luttes menées dans la division !