Les touristes chinois beaucoup moins nombreux au Québec
Entre 2018 et 2019, les entrées via notre territoire ont dégringolé de 18 %
Les tensions entre la Chine et le Canada commencent à peser lourd sur l’industrie touristique du Québec. Pour les 11 premiers mois de 2019, le nombre de visiteurs chinois au Québec a chuté de 18 % par rapport à la même période l’année précédente.
De fait, selon les plus récentes données de Statistique Canada, le nombre de visiteurs chinois entrés au Québec de l’étranger (par avion, par la route ou le bateau) est passé de 59 668 à 48 936 personnes entre 2018 et 2019, pour un recul de près de 11 000 visiteurs.
Pendant ces deux mêmes périodes (janvier à novembre) pourtant, le nombre d’entrées de voyageurs venus du Mexique s’est accru de 25,6 %, de France de 12,1 % et du Royaume-Uni de 6,3 %. Globalement, le nombre de visiteurs étrangers entrés au pays par le Québec a augmenté de 3,5 % entre 2018 et 2019.
« Après les années d’investissement des gouvernements dans la promotion du Québec comme destination touristique de choix auprès de la Chine, c’est certain que c’est décevant, affirme Eve Paré, présidente-directrice générale de l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM). Heureusement, ça n’a pas causé de problème majeur pour l’instant. Mais pour l’avenir, c’est un gros, gros point d’interrogation. »
NOMBREUSES LIAISONS DIRECTES
Cette chute de 18 % en un an paraît d’autant plus remarquable qu’elle survient alors que le nombre de liaisons aériennes entre la Chine et Montréal n’a jamais été aussi élevé. Depuis 2015, Air China assure six aller-retour par semaine entre Montréal et Pékin. Et depuis 2017, Air Canada offre de Montréal sept aller-retour hebdomadaires avec Shanghai.
Qu’est-ce qui explique une telle situation ? Les experts consultés pointent d’abord les tensions diplomatiques entre le Canada et la Chine, dont l’affaire Huawei. Déjà latentes, ces dernières se sont révélées lorsque le Canada, à la demande de Washington, a arrêté la no 2 de Huawei.
« Vous savez, nous, on observe. Nous ne nous mêlons pas de politique, a réagi Manuela Goya, vice-présidente de Tourisme
Montréal, fortement investie dans l’attraction de touristes chinois au Québec. Mais disons quand même que le froid diplomatique que l’on connaît n’a pas dû aider. »
Au-delà de la crise diplomatique, plusieurs spécialistes croient que l’industrie touristique pourrait prochainement être secouée en raison de l’épidémie du coronavirus.
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Prenant acte de la situation, Tourisme Montréal a réduit ses efforts de promotion en Chine ces derniers mois. Il en va de même de ceux du Québec, comme du Canada. De combien ? L’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ), responsable de la promotion du Québec à l’étranger, a refusé de nous communiquer ses chiffres, prétextant des données « de nature concurrentielle ».
Tourisme Québec nuance pour sa part en précisant qu’une entrée à la frontière n’est pas synonyme de visite au Québec, expliquant qu’un touriste arrivé au Canada par Toronto par exemple pourrait très bien visiter le Québec par la suite. C’est ainsi qu’elle estime à 201 000 les touristes chinois qui ont visité le Québec en 2018.