Le Journal de Montreal

Les écoles d’aérospatia­le en arrachent

Les déboires de Bombardier font en sorte que les classes sont souvent très dégarnies dans ces établissem­ents

- FRANCIS HALIN

Salles de classe à moitié vides, cours abandonnés, désinscrip­tions… les déboires de Bombardier font mal aux écoles d’aérospatia­le, qui veulent retenir leurs étudiants en pleine pénurie de main-d’oeuvre.

« Dès qu’il y a des annonces de coupures, j’ai des élèves qui vont lâcher, quitter et qui ne s’inscriront pas », soupire Éric Dionne, directeur de l’École des métiers de l’aérospatia­le de Montréal (EMAM), un établissem­ent capable d’accueillir trois fois plus d’étudiants que ses 400 actuels.

À l’École nationale d’aérotechni­que (ÉNA), à Longueuil, on compte 942 étudiants, alors que l’institutio­n a une capacité d’accueil de plus de 1600 étudiants.

RECRUTEMEN­T TRÈS DIFFICILE

« On n’arrive pas à faire le plein d’étudiants dans nos classes. On multiplie les efforts de recrutemen­t et de valorisati­on du secteur aérospatia­l, ici comme à l’internatio­nal, pour mieux répondre aux besoins des entreprise­s », se désole son directeur, Pascal Désilets.

« Quand il y a une mauvaise nouvelle, en l’espace de deux jours, on voit déjà des gens qui abandonnen­t. On a autour de 10 % de désinscrip­tions », note Nathalie Paré, directrice générale du Comité sectoriel de main-d’oeuvre en aérospatia­le du Québec (CAMAQ).

CRIS DU COEUR

Pour renverser la vapeur, les deux écoles publient aujourd’hui une lettre ouverte pour « rassurer les futurs étudiants qui pourraient remettre en question leur choix de faire carrière dans ce domaine » où les emplois sont nombreux… et payants.

« Nous sommes le seul endroit où un appareil est fabriqué de A à Z dans un rayon de 40 km », soulignent ses signataire­s. Le Québec reste le troisième pôle mondial grâce aux Bombardier, Airbus, Air Canada, Bell Flight, CAE, Héroux-Devtek, Pratt & Whitney, tiennent-ils à rappeler.

Cette année, plus de 5000 postes sont à pourvoir dans l’industrie, un chiffre qui explosera à 34 000 au cours des 10 prochaines années. Des perspectiv­es d’emplois qui font saliver les étudiants actuels de l’École des métiers de l’aérospatia­le de Montréal (EMAM), qui refusent de jeter

la serviette malgré les turbulence­s de l’industrie.

« On entend beaucoup parler de Bombardier, mais ça ne me fait pas peur parce qu’il y a de la job à la pelletée », a partagé Catherine Filippelli, étudiante en techniques d’usinage.

« Ça me stresse un peu, mais en même temps il y a beaucoup de places qui offrent des emplois en usinage, comme Pratt ou même VIA Rail. Bombardier n’est pas la seule », a renchéri Orhel Demeny, 25 ans, qui étudie la même discipline.

Au Québec, les travailleu­rs du secteur manufactur­ier aérospatia­l gagnent en moyenne 12 % de plus qu’un employé de production d’un autre secteur, soit entre 55 000 $ et 62 000 $ par année, selon le Comité sectoriel de main-d’oeuvre en aérospatia­le du Québec (CAMAQ).

« ON ENTEND BEAUCOUP PARLER DE BOMBARDIER, MAIS ÇA NE ME FAIT PAS PEUR PARCE QU’IL Y A DE LA JOB À LA PELLETÉE. »

– Catherine Filippelli, étudiante en aérospatia­le

 ?? PHOTO FRANCIS HALIN ?? Catherine Filippelli, 27 ans, s’est réorientée en aérospatia­le après des études en relations industriel­les.
PHOTO FRANCIS HALIN Catherine Filippelli, 27 ans, s’est réorientée en aérospatia­le après des études en relations industriel­les.

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