Spectacle Les chansons de Plamondon réinventées
Onze voix féminines réinventent les chansons du maître-parolier
On les a réinventées cent fois, on les revisitera de mille autres façons, les chansons de Luc Plamondon demeureront précieuses et intemporelles. Soulevées par 11 voix féminines, 82 musiciens de l’OSM et les Petits Chanteurs de Laval dans le concert « Plamondon symphonique », on les reçoit comme un hymne à la beauté… de leur créateur.
S’appropriant toutes avec panache les bijoux de l’auteur-compositeur aux lunettes noires, cette semaine, à la Maison symphonique, les 11 dames offrent un concert grandiose, nous permettant de scruter les pièces du monstre sacré sous un tout nouvel éclairage, sous la baguette du chef Adam Johnson.
Non, il n’y a pas que Céline pour nous saccader à l’oreille qu’elle « de-de-de-danse dans [sa] tête », Marie-Pierre Arthur sait aussi nous marteler avec aplomb qu’elle « préfère regarder la lune, all night », et sembler s’amuser follement en le faisant.
Valérie Carpentier aurait pu naître pour incarner la fameuse
Call-Girl, Beyries est bouleversante sur Le monde est stone ,et que dire de Safia Nolin, dont la mélancolie naturelle épouse parfaitement le mythique Blues du
businessman ?
La Bronze, elle, joue les rebelles en vert fluo et cape rouge, sur Lili
voulait aller danser, morceau identifié à Julien Clerc, pendant que le choeur de jeunes se trémousse un peu plus haut.
REMARQUABLES ARRANGEMENTS
Cet hommage à Luc Plamondon a emprunté plusieurs détours avant d’aboutir dans la salle de bois blond de la Maison symphonique. Il a d’abord vécu au sein du spectacle Stone, du Cirque du Soleil, à Trois-Rivières, à l’été 2017, puis sur disque et en clôture des Francos 2018.
Or, l’OSM insiste : le concert actuellement à l’affiche à Montréal n’a rien à voir avec l’amalgame acrobatique proposé par le Cirque il y a trois ans, pas plus qu’il ne s’apparente au rendez-vous ensuite orchestré par les Francos. En font foi les 82 musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal et le choeur des Petits Chanteurs de Laval, qui donnent un poids majestueux à cette relecture, qui aurait pu s’avérer banale. Et pourtant.
Dans ce cadre, c’est du Plamondon comme on ne l’a (presque) jamais entendu. Et les décideurs ont eu le flair de piger dans toutes
les extrémités du répertoire du créateur ; certes, on trouve Oxygène et Ma mère chantait
toujours (Arthur), mais aussi L’île aux mimosas (Pelgag), Les
Sans-Papiers et SOS d’un terrien en détresse (Moffatt). Entre autres évolutions, ici, Antoine Gratton a retouché les arrangements d’abord élaborés par Jean-Phi Goncalves. Et quels arrangements !
On place la barre haut dès le départ avec le Parc Belmont de Martha Wainwright (rien de moins), qui, de flamboyance rose et rouge vêtue, hurle la douleur du texte iconique pendant que les musiciens tremblent à grands coups d’archets derrière. Effets d’orages ponctuant Monopolis (Catherine Major), rythme de marche militaire sur Je danse dans ma tête, harmonie enfantine sur Les Sans-Papiers, entrée en canon sur Hymne à la beauté du monde, partagée par tout le groupe en clôture : maints éléments et contextes sont évoqués dans ce tour de chant mémorable, qu’on espère voir éventuellement capté pour la télévision, pour que tous puissent en profiter.
Plamondon symphonique est encore présenté à la Maison symphonique de Montréal ce soir, mercredi 12, et jeudi 13 février.