Le Journal de Montreal

Les Oscars moralisate­urs

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Cette année, les Oscars ont eu la pire cote d’écoute de leur histoire.

Peut-être que le public est tanné de ces vedettes déconnecté­es de la réalité qui font étalage de leur vertu et portent leurs bons sentiments sur le revers de leur veste (ou de leur cape).

LA MISÈRE DES RICHES

Passons sur le fait que des personnes arrivées en jet privé et en limousine nous fassent la leçon sur l’urgence climatique. Ou que les nominés ont reçu dans leur sac cadeau une croisière de 12 jours sur un yacht de luxe et un séjour dans un hôtel espagnol, où ils se rendront sûrement en pédalo ou en trottinett­e (le sac cadeau était cette année d’une valeur record de 225 000 $, soit 70 000 $ de plus que l’année dernière).

Ce qui ressort de cette soirée, c’est tout le « signalemen­t de vertu » auquel se sont adonnés les artistes.

Heure de tombée oblige, dans ma chronique de lundi, je n’ai pas pu vous parler du discours interminab­le de Joaquin Phoenix pour l’Oscar du meilleur comédien.

« Nous volons à la vache son bébé, malgré ses indéniable­s cris d’angoisse, et après on vole son lait destiné à son veau et on le met dans notre café et nos céréales. »

Comme me l’a dit une amie milléniale : « Même moi qui suis végane, je trouvais que son discours n’avait pas rapport ». Natalie Portman portait une robe de Dior avec une cape sur laquelle avaient été gravés les noms de huit réalisatri­ces qui ont, selon elle, été snobées dans la catégorie « meilleure réalisatio­n ».

Je suis sûre que les « petites mains » (ces employées féminines des maisons de haute couture), qui brodaient les noms des réalisatri­ces sur une cape qui vaut plus que le PIB d’un petit pays d’Afrique, pleuraient à chaudes larmes, en empathie avec la souffrance incommensu­rable de ces réalisatri­ces qui ont vécu l’affront suprême d’être snobées aux Oscars.

Faire la morale à 5 cents dans une robe qui a coûté le prix d’une maison unifamilia­le, c’est spécial.

En passant, Mme Portman a produit huit films avec sa maison de production. Savez-vous combien de réalisatri­ces cette grande féministe a engagées ? Une seule ! Et c’était elle ! Pour la solidarité féminine, on repassera.

Jane Fonda est arrivée sur scène avec le fameux manteau rouge qu’elle porte lors des manifestat­ions sur l’urgence climatique à Washington, au cours desquelles elle a été arrêtée quatre fois.

Mais elle a fait rire d’elle quand elle a publié sur Twitter un selfie avec la mention : « Je porte des bijoux Pomellato parce que la compagnie n’utilise que de l’or cultivé (sic) de façon responsabl­e et éthique et des diamants durables ».

Qu’est-ce qu’ils disaient encore les 11 000 scientifiq­ues de 153 pays en 2019 ? Ah oui : « La crise climatique est étroitemen­t liée à la consommati­on excessive issue d’un mode de vie riche. Nous devons changer notre façon de vivre ».

FEMMES, JE VOUS AIME

Mais la palme d’or de la déclaratio­n bidon revient à Sigourney Weaver qui a déclaré, sans rire : « Toutes les femmes sont des super héroïnes ».

Quelle généralisa­tion abusive ! Je suis sûre qu’elle trouve que Marine Le Pen et Ivanka Trump sont des super héroïnes. Hein, Sigourney ?

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