Le Journal de Montreal

Des parents d’élèves ignorés dans la loi

Ceux qui ont des enfants à besoins particulie­rs craignent que le nombre de plaintes n’augmente dans les écoles

- DOMINIQUE SCALI

Des parents d’élèves autistes ou dyslexique­s déplorent de ne plus avoir de vrais pouvoirs pour défendre les jeunes à besoins particulie­rs maintenant que les commission­s scolaires ont été abolies.

« Je ne compte plus le nombre de fois où des parents m’ont appelée en pleurs ou en colère », raconte Guylène Dhormes, qui est elle-même mère de deux ados autistes.

Mme Dhormes a été pendant plus de deux ans commissair­e-parent représenta­nt les élèves handicapés ou qui ont des troubles d’apprentiss­age (HDAA) à la Commission scolaire de Montréal.

Par exemple, elle a déjà mené des batailles pour que des classes spéciales pour autistes soient le moins souvent possible déplacées de bâtiment, sachant à quel point ces jeunes ont besoin de stabilité, illustre-t-elle.

PAS DE GARANTIE

Les commission­s scolaires et le mandat de leurs élus ont été abolis avec l’adoption du projet de loi 40, vendredi. Elles seront éventuelle­ment renommées centres de services, et à leur tête siégera un conseil d’administra­tion comptant plusieurs parents d’élèves.

Or, la nouvelle loi ne compte aucun siège

réservé pour un parent d’enfant à besoins particulie­rs, comme c’était le cas jusqu’à vendredi. Une omission qui enrage bon nombre d’entre eux.

« On est en train d’éteindre notre voix. On exige de ravoir une place »,

insiste Nathalie Tremblay, qui était commissair­e-parent à Rouyn-Noranda.

Elle fait partie des 29 parents bénévoles qui ont signé une lettre envoyée hier au ministre de l’Éducation.

Car la Fédération des comités de parents avait pourtant signalé ce qui a toutes les apparences d’un « oubli » de la part du gouverneme­nt avant que le projet de loi ne soit adopté, affirme son président Kévin Roy.

À savoir s’il s’agit d’un oubli ou d’une omission intentionn­elle, le cabinet du ministre n’a pas répondu à nos questions.

Même si la loi n’exige plus qu’ils soient représenté­s, des parents d’enfants à besoins particulie­rs pourront tout de même siéger aux futurs conseils d’administra­tion, indique Francis Bouchard, attaché de presse du ministre.

CLAQUE AU VISAGE

Mais pour Mme Dhormes, il s’agit d’une « claque en plein visage ».

« C’est tellement aberrant. Je suis sonnée », dit-elle.

Elle craint maintenant que le nombre de plaintes de parents d’élèves HDAA augmente dans les écoles. Elle estime avoir ellemême désamorcé bon nombre de conflits opposant des directions et des parents avant même qu’une plainte ne soit déposée.

Par exemple, elle a déjà accompagné pendant deux semaines un parent qui n’acceptait pas que son enfant aille en classe spéciale.

« Alors qu’au fond de lui, il savait que c’était la bonne chose à faire. »

C’est donc grâce à ce soutien qu’il a fini par se ranger à la décision de l’école.

« Les directions n’ont pas le temps de faire ça », dit Mme Dhormes.

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PHOTO COURTOISIE Nathalie Tremblay craint que la réalité des élèves comme son fils dyslexique Noah, 13 ans, soit moins prise en considérat­ion dans les écoles avec la nouvelle loi 40.

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