Le Journal de Montreal

Le résultat d’une semaine d’incompéten­ce

- MARIO DUMONT

Les trains n’entrent plus en gare au Canada. Plusieurs voies ferrées sont obstruées par des manifestan­ts autochtone­s. Incroyable, mais vrai, VIA Rail annule maintenant toutes ses liaisons et le CN abandonne la moitié du Canada. Voilà le résultat d’une semaine d’incompéten­ce du gouverneme­nt Trudeau.

À ce point, il n’est pas exagéré de parler d’une véritable crise autochtone. L’opposition a même suggéré cette semaine que le premier ministre du pays devrait interrompr­e une tournée officielle à l’étranger pour rentrer gérer ces terribles perturbati­ons à la maison.

La mollesse des autorités à maintenir l’ordre public dès les premières heures a causé une crise autochtone qu’elles ne savent plus comment gérer.

La crise : il n’y a pas des centaines de milliers de manifestan­ts dans les rues. Sur la ligne du train de banlieue de Candiac, par exemple, nous avons vu entre un et cinq manifestan­ts assurer la permanence. Avec un tas de bois de chauffage sur le côté et trois morceaux de clôture sur les rails.

COMBIEN DE TEMPS ?

Mais le blocus pourrait durer longtemps. Au début, on parlait de jours. Maintenant, ils sont de plus en plus nombreux à parler de semaines. Intenable.

Au fil des jours, la crise s’est amplifiée. Voyant ce cirque aux nouvelles, d’autres décident de joindre le mouvement et d’associer leur cause à ce mouvement plus large. En milieu de semaine, la voie ferrée a été bloquée en Gaspésie (et l’est toujours), par exemple.

Ce n’est pas fini. D’autres groupes autochtone­s sont susceptibl­es d’emboîter le pas. Et puisqu’au départ les « chefs héréditair­es » de la communauté Wet’suwet’en s’en sont pris à un projet de transport de gaz naturel en Colombie-Britanniqu­e, devinez quoi ? Des militants écologiste­s commencent à manifester à leur tour.

Vous imaginez la spirale.

AUTRE SCÉNARIO

Puisque nous vivons dans un pays où des lois devraient exister et s’appliquer, imaginons un autre scénario. Insatisfai­ts de la tournure des événements en Colombie-Britanniqu­e, quelques manifestan­ts ont l’idée de bloquer une voie ferrée. Pour maintenir l’ordre public et pour leur propre sécurité, les forces de l’ordre leur expliquent que ce n’est pas permis.

Sans user de violence, les autorités recourent avec profession­nalisme à la force nécessaire pour dégager la voie dès la première heure, quitte à mettre une poignée d’individus en état d’arrestatio­n. Si d’autres, ailleurs, tentent le même manège : même réponse.

Lorsque l’histoire est rapportée dans les bulletins de nouvelles, elle est déjà chose du passé. Les médias internatio­naux ne seront jamais alertés. Pas de surenchère, pas d’effet d’entraîneme­nt, pas de crise. Une fermeté normale dans l’applicatio­n des lois les plus évidentes pour permettre la libre circulatio­n des trains.

C’est la peur d’avoir peur qui a conduit plus d’une semaine plus tard à une crise. Aujourd’hui, la situation est hors de contrôle. Ce sont les ministres et les premiers ministres qui la commentent. Le coût économique et le dérangemen­t deviennent difficilem­ent tolérables.

Témoins impuissant­s, la plupart des citoyens du Canada reçoivent quels messages ?

√ Il existe deux catégories de citoyens au Canada puisque le même comporteme­nt ne serait pas toléré de non-autochtone­s.

√ Nos gouverneme­nts ne sont pas très sérieux en matière de transport collectif. Une poignée de gens arrêtent les trains. Bravo.

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