Chaos sur les rails
La mobilisation autochtone contre le gazoduc Coastal GasLink a atteint un sommet, hier, avec la suspension de toutes les liaisons de VIA Rail. Retour sur cette crise qui perturbe le transport ferroviaire depuis neuf jours.
Le noeud de l’affaire
L’élément déclencheur qui a soulevé l’ire de groupes autochtones est le projet de gazoduc Coastal GasLink, en Colombie-Britannique.
Évalué à 6,6 milliards $, il doit permettre de transporter 700 000 litres de gaz naturel par jour. Les 670 km du gazoduc en construction traversent toutefois le territoire ancestral de la Première Nation de Wet’suwet’en, ce à quoi plusieurs chefs héréditaires s’opposent.
Une mobilisation de solidarité s’est depuis étendue en plusieurs foyers de protestation d’est en ouest du Canada.
Relations délicates
Les relations entre Autochtones et forces de l’ordre sont délicates étant donné qu’elles ont donné lieu à des escalades de tensions dans l’histoire du Canada.
La crise d’Oka, au début des années 1990, est l’exemple par excellence. Pour le spécialiste des droits des autochtones Martin Papillon, il est toutefois trop tôt pour craindre que ce scénario se répète.
« Ça ne dégénérera pas si les politiciens et les forces de l’ordre traitent les communautés [autochtones] avec le respect qu’elles méritent », analyse le professeur à l’Université de Montréal.
Pas dans ma cour… politique
Plusieurs manifestants ont été arrêtés par les forces de l’ordre parce que des injonctions somment quiconque de cesser de perturber la construction du gazoduc.
D’autres corps policiers tolèrent toutefois les manifestants sur la base du droit de manifester et par souci de ne pas attiser des tensions avec les Premières Nations.
Le fédéral souhaite rencontrer des protestataires, mais a d’abord renvoyé la balle dans le camp du gouvernement de la Colombie-Britannique. Les deux ordres de gouvernement veulent désormais s’asseoir à la table de négociations.
Les Canadiens divisés
Près de la moitié des Canadiens (48 %) s’oppose à la mobilisation autochtone contre le gazoduc Coastal GazLink, tandis que 39 % disent se ranger derrière les manifestants solidaires des Wet’suwet’en. Ces appuis aux protestataires viennent surtout du Québec et de la Colombie-Britannique, selon les résultats d’un sondage de l’Institut Angus Reid publié hier.