Le Journal de Montreal

Les Mohawks de Kahnawake sont là pour rester

- CÉDÉRICK CARON

Les Mohawks qui bloquent les rails de la ligne de train de banlieue de Candiac pour appuyer une communauté autochtone qui se bat contre un gazoduc n’entendent pas se tasser de sitôt.

« Nous resterons ici aussi tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas d’entente respectueu­se qui fera la satisfacti­on de Wet’suwet’en. Nous ne sommes pas ici pour protester, mais pour soutenir cette communauté », affirme celui qui se présente sous son nom mohawk, Tekarontek­e.

Depuis lundi, des membres de cette communauté autochtone de la RiveSud empêchent les trains de circuler grâce à une butte de neige de plus de 3 mètres qu’ils ont érigée sur les rails du Canadien Pacifique.

Ce mouvement a pris naissance à la suite d’une interventi­on de la Gendarmeri­e royale du Canada pour déloger des manifestan­ts de la communauté de Wet’suwet’en en Colombie-Britanniqu­e qui s’opposent au passage d’un gazoduc sur leur territoire (voir en page 6).

AMBIANCE CHALEUREUS­E

Lors du passage du Journal hier matin, l’ambiance était bon enfant sur le site du blocus situé à une centaine de mètres de la route 132.

Discussion­s, blagues et rires émergeaien­t du groupe de 10 personnes réunies autour du feu allumé près des rails.

Dans ce rassemblem­ent qui semble informel, les gens sont libres d’aller et venir, si bien que le nombre de partisans varie constammen­t en cours de journée.

« Nous sommes tous égaux. Il n’y a pas de hiérarchie, pas de directive. Nous sommes ici pour aider », explique une dame portant le nom de Kahentinet­he.

PERTURBATI­ONS IMPORTANTE­S

À Kahnawake, ce sont principale­ment les quelque 4000 clients de la ligne de train de banlieue de Candiac qui souffrent du blocus. En Gaspésie, des manifestan­ts micmacs bloquent aussi des rails.

En Ontario, la circulatio­n des trains de marchandis­es et de passagers est interrompu­e sur les rails du Canadien National entre Montréal et Toronto perturbant ainsi l’économie du pays.

« Les rails passent sur des territoire­s qui nous appartienn­ent », soutient Tekarontek­e, qui ne voit pas de problème au fait que l’économie souffre de ces blocus.

Selon Sébastien Brodeur-Girard, professeur à l’École d’études autochtone­s de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamin­gue, il aurait fallu négocier le passage des rails ou simplement les faire passer à l’extérieur des réserves si on ne voulait pas se faire surprendre par ce type de manifestat­ion.

« Malheureus­ement, s’ils avaient une autre façon de se faire entendre [par les gouverneme­nts], ils le feraient », selon M. Brodeur-Girard.

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