Les avocats de Weinstein exigent son acquittement
Ses deux accusatrices ont avoué avoir eu un rapport sexuel consenti par la suite
NEW YORK | (AFP) Les avocats d’Harvey Weinstein ont appelé hier les jurés à acquitter l’ex-magnat d’Hollywood accusé d’agressions sexuelles, même si c’est « impopulaire ».
Dans sa plaidoirie finale, Donna Rotunno, principale avocate du producteur, a accusé les procureurs d’avoir créé « un univers alternatif » dans lequel le producteur déchu s’attaquait à de jeunes actrices, sans fournir les preuves de la culpabilité de celui qui est à l’origine de l’émergence du mouvement #MeToo.
« Il était innocent quand il a franchi cette porte. Il était innocent quand les témoins ont commencé à déposer. Et il est innocent, assis devant vous maintenant », a-t-elle lancé aux 12 jurés du tribunal de Manhattan. « Les médias ont fait du zèle, l’accusation a fait du zèle [...] Vous êtes appelés à prendre une décision impopulaire » et à « ignorer l’agitation » médiatique autour de ce dossier, a souligné l’avocate, qui a jusqu’ici obtenu l’acquittement de la quasi-totalité des hommes accusés d’agression sexuelle qu’elle a défendus.
« Ne laissez jamais vos émotions brouiller votre réflexion. Utilisez votre bon sens, il vous mènera à la bonne réponse », a-telle ajouté.
L’ex-producteur de 67 ans risque la perpétuité en cas de condamnation.
Six femmes ont, depuis le 22 janvier, témoigné pour l’accusation, affirmant que l’ex-magnat d’Hollywood, devenu un paria pour l’opinion publique, les avait sexuellement agressées.
NOTION DE CONSENTEMENT
Si M. Weinstein a été accusé de harcèlement ou d’agression sexuelle par plus de 80 femmes depuis 2017, son avocate a cependant rappelé aux jurés qu’il n’était jugé à New York que pour deux agressions présumées : un viol supposé sur une aspirante actrice, Jessica Mann, en 2013, et un cunnilingus forcé sur une ex-assistante de production, Mimi Haleyi, en 2006.
Or, dans ces deux cas, la notion-clé de consentement s’avère plus floue que dans la plupart des procès pour agressions sexuelles. Les deux femmes ont en effet reconnu au cours du procès avoir eu avec M. Weinstein au moins un rapport sexuel consenti après l’agression supposée.
La défense a présenté de nombreux courriels semblant montrer que les accusatrices étaient restées en bons termes avec le producteur après leur agression présumée.
« La vérité laisse des traces », a affirmé Donna Rotunno. Elle a aussi rappelé aux jurés qu’ils ne pouvaient le condamner que s’ils étaient certains de sa culpabilité « au-delà d’un doute raisonnable ».
PLAIDOIRIE FINALE
Les jurés doivent arriver à un verdict à l’unanimité. En cas de désaccord, le procès serait annulé et l’accusation pourrait alors décider de tenter un nouveau procès ou pas. S’il était acquitté à New York, ou si le procès était annulé, M. Weinstein aurait à répondre d’autres inculpations pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncées début janvier.
Après la défense, la procureure Joan Illuzzi-Orbon doit prononcer sa plaidoirie finale aujourd’hui, avant le début des délibérations prévu mardi.