Le Journal de Montreal

Un investisse­ment coûteux

L’État québécois donne un autre coup de pouce à Bombardier et à Airbus

- SYLVAIN LAROCQUE

Le gouverneme­nt Legault a donné un coup de pouce à Bombardier, hier, en acceptant de repousser de trois ans la date à laquelle il pourra se retirer du programme d’avions C Series, maintenant connu sous le nom d’A220. Entre-temps, Québec subit une perte de 600 millions $.

En 2015, quand le gouverneme­nt s’est engagé à investir 1,3 G$ dans la C Series, il était prévu qu’il puisse vendre sa participat­ion dès juin 2023.

En vertu du nouvel accord, le gouverneme­nt devra attendre trois ans de plus, soit jusqu’en 2026, avant de quitter la coentrepri­se qui chapeaute les avions A220.

BOMBARDIER EMPOCHE 591 M$ US

Bombardier a cédé hier sa participat­ion de 33,7 % dans le programme à Airbus et à Québec. Airbus versera 591 M$ US à Bombardier, de sorte que ses intérêts passeront de 50 % à 75 %. Le gouverneme­nt ne déboursera rien, mais sa participat­ion dans l’A220 passera tout de même de 16 % à 25 %.

Le mois dernier, Bombardier avait prévenu que la valeur de l’A220 allait être réduite « significat­ivement » en raison de la nécessité d’y investir de nouveaux fonds, du report de l’atteinte du seuil de rentabilit­é et d’un « rendement moins élevé que prévu sur la durée du programme ».

Hier, on a vu l’ampleur de cette perte de valeur. L’investisse­ment de 1,3 G$ de Québec ne vaut plus que 700 M$, selon le gouverneme­nt, de sorte que son surplus 2019-2029 fondra de 600 M$.

Jusqu’à tout récemment, Québec refusait de déprécier son placement, estimant que son coût de 1,3 G$ allait pouvoir « être récupéré en 2023 ».

GARANTIE D’EMPRUNTS

L’entente de 2015 donnait le droit au gouverneme­nt de quitter l’A220 en même temps que Bombardier. Mais en restant à bord, Québec permettra à la coentrepri­se d’emprunter à de meilleurs taux d’intérêt vu sa cote de crédit de grande qualité. Airbus pourra ainsi limiter ses apports de fonds futurs dans l’A220. « Quand on a des actionnair­es comme Airbus et le gouverneme­nt du Québec, ça devient tout de suite beaucoup plus simple et facile d’aller chercher du financemen­t », a expliqué hier au Journal Philippe Balducchi, PDG d’Airbus Canada.

Ces emprunts, qui seront en partie garantis par Québec, devraient permettre au programme d’atteindre le seuil de rentabilit­é en 2026, a indiqué M. Balducchi.

L’an dernier, Airbus a livré 48 avions A220 à partir de Mirabel. Au milieu de la présente décennie, l’avionneur prévoit produire 120 appareils par année à Mirabel et 48 à Mobile, en Alabama.

Hier, Green Africa Airways, du Nigeria, a fait part de son intention de commander 50 avions A220-300 qui seront assemblés à Mirabel. Le carnet de commandes de l’A220 compte maintenant 659 appareils, soit 80 % de plus qu’au début de juillet 2018, alors que Bombardier cédait le contrôle du programme à Airbus.

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PHOTO SIMON CLARK La renégociat­ion de l’entente sur les avions A220 avec Airbus est « une excellente nouvelle » pour le Québec, a soutenu hier en conférence de presse, à Québec, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.
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CANARD BOITEUX

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