À quelle école devrions-nous rêver ?
On discute beaucoup actuellement de gouvernance scolaire. La question n’est pas vaine, évidemment.
Elle ne devrait toutefois pas faire écran à une autre question, qui me semble aussi fondamentale qu’absente de notre vie publique : à quelle école devrions-nous rêver ?
On peut la formuler autrement : à quelle conception de l’éducation devrions-nous adhérer, collectivement ?
PÉDAGOGIE
On connaît la réponse qui se veut économique : l’école devrait préparer les jeunes au marché du travail et devrait progressivement se connecter aux besoins des entreprises.
On connaît aussi la réponse d’une certaine gauche dominante en sciences de l’éducation : l’école devrait déconstruire les préjugés transmis par notre civilisation et servir à construire une société « progressiste » sous le signe de la « diversité ». Tel était par exemple l’esprit du renouveau pédagogique en général, et du cours ECR en particulier.
Je propose une troisième réponse – et je ne suis évidemment pas le seul à le faire. L’école, me semble-t-il, devrait transmettre un patrimoine de civilisation et un vaste bagage de connaissances, sous le signe de la culture générale.
Langue française, littérature, histoire, philosophie, géographie, sciences, mathématiques devraient y recevoir un traitement privilégié. Un idéal devrait nous guider : celui de former de jeunes esprits cultivés, capables de penser par eux-mêmes, mais sachant distinguer une opinion vite lancée d’une pensée élaborée, réfléchie et informée, alimentée par les grandes oeuvres.
CULTURE
Cela implique de redonner toute sa place à la lecture, qui permet à une jeune personne de développer sa vie intérieure et son imagination. Une école sans bibliothèque, c’est comme un restaurant sans nourriture.
La chose est encore plus importante dans un monde ravagé par la multiplication des écrans qui nous condamnent à l’esclavage technologique et sabotent notre capacité de concentration.
L’école, autrement dit, devrait être le lieu où notre civilisation transmet d’une génération à l’autre la meilleure part d’ellemême, pour la faire vivre et l’enrichir.