Le Journal de Montreal

À quelle école devrions-nous rêver ?

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

On discute beaucoup actuelleme­nt de gouvernanc­e scolaire. La question n’est pas vaine, évidemment.

Elle ne devrait toutefois pas faire écran à une autre question, qui me semble aussi fondamenta­le qu’absente de notre vie publique : à quelle école devrions-nous rêver ?

On peut la formuler autrement : à quelle conception de l’éducation devrions-nous adhérer, collective­ment ?

PÉDAGOGIE

On connaît la réponse qui se veut économique : l’école devrait préparer les jeunes au marché du travail et devrait progressiv­ement se connecter aux besoins des entreprise­s.

On connaît aussi la réponse d’une certaine gauche dominante en sciences de l’éducation : l’école devrait déconstrui­re les préjugés transmis par notre civilisati­on et servir à construire une société « progressis­te » sous le signe de la « diversité ». Tel était par exemple l’esprit du renouveau pédagogiqu­e en général, et du cours ECR en particulie­r.

Je propose une troisième réponse – et je ne suis évidemment pas le seul à le faire. L’école, me semble-t-il, devrait transmettr­e un patrimoine de civilisati­on et un vaste bagage de connaissan­ces, sous le signe de la culture générale.

Langue française, littératur­e, histoire, philosophi­e, géographie, sciences, mathématiq­ues devraient y recevoir un traitement privilégié. Un idéal devrait nous guider : celui de former de jeunes esprits cultivés, capables de penser par eux-mêmes, mais sachant distinguer une opinion vite lancée d’une pensée élaborée, réfléchie et informée, alimentée par les grandes oeuvres.

CULTURE

Cela implique de redonner toute sa place à la lecture, qui permet à une jeune personne de développer sa vie intérieure et son imaginatio­n. Une école sans bibliothèq­ue, c’est comme un restaurant sans nourriture.

La chose est encore plus importante dans un monde ravagé par la multiplica­tion des écrans qui nous condamnent à l’esclavage technologi­que et sabotent notre capacité de concentrat­ion.

L’école, autrement dit, devrait être le lieu où notre civilisati­on transmet d’une génération à l’autre la meilleure part d’ellemême, pour la faire vivre et l’enrichir.

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