La beauté triste des amours impossibles
Il y a des histoires dont on ne se lasse pas, même si l’on en connaît le dénouement, et auxquelles on retourne régulièrement avec une ferveur masochiste tout en espérant, malgré tout, une finale différente. C’est le cas de Portrait de la jeune fille en feu.
Nous sommes en 1770. Marianne (Noémie Merlant), une peintre, s’est fait commander le portrait d’Héloïse (Adèle Haenel), jeune femme qui vient tout juste de sortir du couvent pour se marier. Héloïse ne veut pas de ce tableau, destiné à son futur époux milanais, qu’elle ne connaît pas de surcroît. Héloïse,
à la demande de la mère (Valeria Golino) de Marianne, doit faire semblant d’avoir été embauchée comme dame de compagnie afin d’accompagner la future mariée lors de promenades le long de la plage.
Mélange du Portrait de Dorian
Gray (le roman d’Oscar Wilde) et de Appelle-moi par ton nom ,le tableau sert de prétexte à cette histoire d’amour qui se terminera aussitôt la peinture achevée, Marianne tombant amoureuse d’Héloïse, laquelle ne tardera pas à lui rendre ses affections. Avec pour seul accompagnement musical deux pièces parfaites – dont du Vivaldi –, un choix délibéré de la cinéaste Céline Sciamma (Tomboy et qui a dirigé Adèle Haenel pour son film Naissance des pieuvres, sorti en 2007), ce Portrait de la jeune fille en feu est celui d’une obsession patiemment décortiquée, dévoilée étape par étape avec une poésie remarquable.
DANS L’AIR DU TEMPS
Étonnamment moderne, Portrait de la jeune fille en feu brille aussi en raison d’un propos dans l’air du temps dont on ne dévoilera rien.
La direction photo de Claire Mathon est impeccable et sert à merveille le propos de Céline Sciamma, qui se sert des costumes (notamment les écharpes) comme autant de sous-entendus. Les éclairages, la beauté sauvage des décors naturels et les scènes filmées comme des tableaux sont autant d’éléments qui confèrent à ce Portrait de la jeune fille en feu un charme universel et durable.