Le Journal de Montreal

La raison d’un rejet n’est pas toujours l’argent

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En lisant la lettre signée « Un homme féministe comme notre premier ministre », ça m’a allumé une lumière. Je ne sais pas s’il s’agit du même homme, mais comme il se plaignait des femmes rencontrée­s sur un site de rencontre, il m’a fait penser au dernier avec lequel je suis allée moi-même prendre un café.

J’avais aussi pris rendez-vous via un site de rencontre et j’étais aussi son quatrième essai. Il en espérait beaucoup puisque je correspond­ais physiqueme­nt à ses attentes. Verbalemen­t, c’était autre chose, puisqu’il ne m’a jamais laissé placer un mot pour que j’exprime mes attentes. Il n’y en avait que pour les siennes.

Sans parler de sa propension à se vanter de ses exploits passés, à mettre en lumière sa carrière exceptionn­elle dans le marketing, ses enfants super, tous des profession­nels, et sa résidence payée à prix d’or du temps du vivant de sa veuve. Il n’a fait que se péter les bretelles sans se demander une seconde qui était la femme assise devant lui.

Alors quand il a sèchement répondu à la serveuse, exactement comme l’homme qui signe la lettre parue ce matin, qu’elle apporte des factures séparées sans même me demander mon avis, ça a fait déborder mon vase qui était déjà plein de la fatuité exprimée par ce monsieur. Je l’ai effectivem­ent quitté en lui lançant un petit bonjour sec et bien senti.

Il y a vraiment des coups de pied au cul qui se perdent, des fois. J’en ai de l’argent pour payer mes cafés, je n’ai besoin de personne pour le faire à ma place. Mais je n’ai pas de temps à perdre avec un homme imbu de lui-même au point de ne même pas avoir envie de communique­r avec l’autre et de penser que ça va quand même lui donner l’envie de le revoir. Pour qu’il y ait un véritable échange, il faut que ça aille dans les deux sens. Et votre correspond­ant de ce matin l’a peut-être oublié en chemin.

Une féministe qui s’assume

Qu’il s’agisse ou pas du même homme, il est clair que pour évaluer une situation aussi délicate qu’une rencontre visant à découvrir une personne, il faut avoir le courage de se regarder en pleine face pour prendre sa part de responsabi­lité dans l’échec d’une tentative de jumelage. Et cela peut se produire dans n’importe quel genre de rencontre, pas juste celles dues à un site.

Hériter, c’est bien, mais savoir s’en passer, c’est parfois mieux

Je signale au monsieur anonyme de ce matin qui vous demandait votre avis sur le fait que dans son testament, sa mère lui avait annoncé son intention de privilégie­r sa soeur, moins bien nantie que lui, plein aux as selon ses dires, que je la soupçonne de l’avoir fait parce qu’elle se doutait de sa réaction négative et qu’elle préférait y faire face de son vivant plutôt que de laisser sa fille, l’héritière prévue, se débattre avec sa colère lors de la lecture du testament.

Comme vous le lui avez souligné, Louise, sa mère a le droit de disposer de ses biens à sa guise à son décès. Que dans sa sagesse, elle juge préférable d’aider sa fille qui manque d’argent, plutôt que d’engraisser le portefeuil­le déjà bien garni de son fils, est, selon moi, louable de sa part. Mais que cet homme nourrisse l’envie de céder aux pressions malaisante­s de sa femme, qui l’incite à couper la relation avec sa mère, me semble une mauvaise idée qu’il risque de regretter un jour. Aime-t-il sa mère ou l’argent de sa mère ? Donner au suivant, ça lui dit quelque chose ?

Yvette

Il ne doit pas oublier non plus que ce n’est pas parce qu’on est en couple avec quelqu’un que ça doit nous faire perdre le sens de la justice.

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LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

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