Le Journal de Montreal

LES QUÉBÉCOIS PRÊTS À FAIRE LEUR PART

- Daniel Breton

Il y a quelques jours à peine, le ministre de l’Environnem­ent, Benoit Charette, affirmait que les Québécois étaient prêts à faire des sacrifices pour mieux protéger notre environnem­ent… tout en excluant d’entrée de jeu la mise en place d’un système de redevance-remise.

Le hasard faisant parfois bien les choses, un sondage Léger, commandé en début d’année par Équiterre, Vivre en Ville, la Fondation David Suzuki et l’Associatio­n des véhicules électrique­s du Québec (AVÉQ), a justement démontré que les Québécois étaient prêts à adopter un tel système.

L’idée de mettre en place un tel système est simple. Il sert à encourager l’achat de véhicules moins polluants et à décourager l’achat de véhicules plus polluants, le tout de manière à ce que ce système s’autofinanc­e, comme on le voit ailleurs dans le monde.

Pour les gens qui s’inquiètent du fait qu’ils pourraient être pénalisés, car ils n’ont pas le choix d’utiliser un véhicule plus polluant dans le cadre de leur travail ou parce qu’ils ont une grande famille, des exemptions existent déjà là où ces systèmes sont en vigueur.

UN SONDAGE ÉCLAIRANT

Dans le sondage Léger, à l’énoncé « le gouverneme­nt du Québec devrait encourager, par différente­s mesures fiscales, l’utilisatio­n de véhicules moins polluants », 78 % des répondants se disaient favorables contre 16 % qui étaient défavorabl­es.

À la question « êtes-vous favorable à ce que le gouverneme­nt du Québec décourage les véhicules polluants et nuisibles à la lutte contre les changement­s climatique­s en instaurant une nouvelle taxe ? », 55 % des répondants se disaient favorables contre 38 % qui étaient défavorabl­es.

Et pourquoi devrait-on instaurer un tel système ? Simple. Parce que les chiffres de ventes de véhicules polluants, d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et de consommati­on de pétrole sont inquiétant­s.

DES CHIFFRES INQUIÉTANT­S

Selon le rapport L’état de l’énergie

2020 :

√ Les ventes de camions légers (VUS, camionnett­es et minifourgo­nnettes) sont en hausse très importante. Entre 1990 et 2018, celles-ci ont augmenté de 263 %, passant de 24 % des ventes à 64 % des ventes de véhicules légers.

√ Les ventes de voitures sont, quant à elles, en sérieux déclin. Entre 1990 et 2018, elles ont diminué de 36 %. De ce fait, les ventes de camions légers ont dépassé les ventes de voitures depuis 2015.

GES EN TRANSPORT ROUTIER : ÇA « CHAUFFE »

√ En 2017, les émissions de GES en transport représenta­ient 43,3 % des émissions de GES totales du Québec.

Pendant que les émissions de GES des autres secteurs diminuaien­t, stagnaient ou augmentaie­nt légèrement, celles des transports ont augmenté de manière très importante : soit de 23 % de 1990 à 2017.

En transports routiers, c’est encore pire. En effet, alors que les émissions de GES des transports aériens et maritimes diminuaien­t respective­ment de 11,8 % et 30,3 % entre 1990 et 2017, les émissions de GES des transports routiers augmentaie­nt de 49,6 % durant la même période.

Lorsqu’on regarde plus en détail les augmentati­ons d’émissions de GES des transports routiers, le portrait est encore plus saisissant. Pendant que les émissions de GES des voitures ont diminué de 17 % entre 1990 et 2017, les émissions de GES des camions légers et lourds ont augmenté respective­ment de 127,1 et 170,8 %.

VENTE D’ESSENCE : + 24 %

Les véhicules qui consomment de l’essence ne sont pas des camions lourds, des autobus, des avions ou des bateaux. Ce sont surtout des voitures et des camions légers.

Or, pendant que le gouverneme­nt du Québec affirme vouloir diminuer la consommati­on de produits pétroliers de 40 % en 2030 par rapport à notre consommati­on de 2013, les ventes d’essence ont augmenté de 24 % entre 2013 et 2018. C’est effarant comme hausse en si peu de temps.

BREF, ON FONCE DROIT DANS LE MUR

Québec dévoilera bientôt son plan d’électrific­ation et de changement­s climatique­s. S’il veut vraiment atteindre ses cibles de réduction de GES et de consommati­on de pétrole, il n’aura pas le choix de mettre en place un système de redevance-remise digne de ce nom afin d’accélérer la transition vers des véhicules moins polluants (électrique­s et écoénergét­iques), de rendre la loi Zéro Émission plus sévère et surtout de décourager l’achat de véhicules plus polluants.

En 2020, croire qu’on pourra atteindre nos buts sans ces mesures relève de la pensée magique. C’est aussi simple que cela.

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