Le Journal de Montreal

Le français à l’honneur

- JONATHAN BERNIER Le Journal de Montréal

PITTSBURGH | De Jean Pronovost à Kristopher Letang, en passant par Pierre Larouche, Marc-André Fleury, Pascal Dupuis, et bien évidemment, Mario Lemieux, un lien étroit a toujours existé entre les Penguins et les hockeyeurs francophon­es.

En fait, la relation entre la région de Pittsburgh et le français date d’encore plus loin. En 1754, les Français avaient établi un poste de garde, nommé Fort Du Quesne, au confluent des rivières Allegheny et Monongahel­a. À proximité d’où se trouve aujourd’hui le centre-ville de Pittsburgh.

Bref, dans le but de souligner cette histoire d’amour qui dure depuis 53 ans, les Penguins ont profité de la visite du Canadien, hier, qui incidemmen­t coïncidait avec la Saint-Valentin, pour tenir une soirée thématique en l’honneur de la langue de Molière.

Pour l’occasion, l’organisati­on avait donné à Maxime Talbot le mandat d’annoncer les buts et les punitions en français.

« Il a fallu que je fasse des recherches pour m’assurer d’utiliser les bons termes et d’avoir la bonne prononciat­ion. J’ai même regardé quelques séquences de Michel Lacroix [annonceur maison du Centre Bell] pour m’inspirer », a raconté Talbot, en matinée.

Le nouveau retraité n’a pas à rougir de sa performanc­e. Il pourrait, sans gêne, proposer sa candidatur­e aux Sénateurs d’Ottawa pour leurs matchs locaux.

UN SOUPER CHEZ MARIO LEMIEUX

Oui, le contingent de joueurs francophon­es au sein des Penguins a toujours été imposant. Lors de la première saison de Talbot dans la ville de l’acier, en 20052006, pas moins de 10 Québécois avaient enfilé l’uniforme des Penguins.

De plus, Michel Therrien avait pris le relais d’Ed Olczyk derrière le banc en cours de saison. Une belle façon de faciliter l’intégratio­n.

« Mon souvenir le plus lointain, c’est d’avoir été invité avec tous les joueurs francophon­es à souper chez Mario Lemieux. En plus de souper chez mon idole, ça avait permis de créer des liens très rapidement », a raconté Talbot, alors au début de la vingtaine.

Pas question, cependant, de parler couramment français dans le vestiaire. N’allez pas y voir là une question de racisme. Talbot y voyait plutôt un souci d’équité.

« À moins qu’ils soient incapables de parler anglais, ce n’est pas tolérable que les joueurs parlent dans leurs propres langues dans le vestiaire. Les Québécois, on se forçait pour parler anglais afin de développer des affinités avec les autres joueurs. On voulait que tout le monde soit inclus et comprenne », a-t-il soutenu, rappelant du même souffle que, lors de la conquête de 2009, une demi-douzaine de Québécois avaient soulevé la Coupe Stanley.

CROSBY PARLE ENCORE FRANÇAIS

Sidney Crosby était l’un de ceux qui s’étaient bien intégrés au groupe de Québécois. Ses deux ans avec l’Océanic de Rimouski, dans la LHJMQ, lui avaient permis de se familiaris­er avec la langue française, et même de l’apprendre.

« Je parle encore un peu français, a indiqué Crosby, qui n’ose pas se mouiller devant les caméras. Évidemment, je le parlais beaucoup plus lorsque j’étais assis avec “Flower” [Marc-André Fleury] dans l’avion. J’essaie encore de lancer quelques phrases à l’occasion avec “Tanger” [Letang]. Je l’entends toujours parler au téléphone derrière moi dans l’autobus, alors ça me permet de garder l’oreille un peu. »

Coéquipier de Crosby pendant six saisons, Talbot soutient que le numéro 87 affiche trop de modestie.

« Il est encore très à l’aise. Il l’est peut-être moins pour des entrevues, mais il est capable d’avoir une conversati­on en français. D’ailleurs, bravo à lui de l’avoir appris lorsqu’il était à Rimouski. Ce n’est pas rien d’apprendre le français en seulement deux ans. »

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Maxime Talbot (en arrière-plan )a toujours été impression­né par la qualité du français de Sidney Crosby. Sur la photo, les deux coéquipier­s à l’entraîneme­nt, en 2010.
PHOTO D’ARCHIVES Maxime Talbot (en arrière-plan )a toujours été impression­né par la qualité du français de Sidney Crosby. Sur la photo, les deux coéquipier­s à l’entraîneme­nt, en 2010.

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