Le Journal de Montreal

Un retour au travail après cinq difficiles mois

- ANTOINE LACROIX

Après le drame sur l’autoroute 440, cinq mois d’arrêt de travail ont été nécessaire­s pour les deux ambulancie­rs afin de se remettre du traumatism­e.

« Nous, on vivait beaucoup de culpabilit­é et de la honte. Dans notre tête, on avait échoué et mal fait notre job. À cause de nous, il y avait des gens qui étaient morts et on s’en voulait », avoue M. Goyer, qui possède 18 années d’expérience.

Les premières semaines après la tragédie ont été éprouvante­s pour les deux hommes : cauchemar, irritabili­té, impatience, manque d’appétit. Ils ne se reconnaiss­aient plus.

« C’est vraiment psychologi­quement que c’est venu nous atteindre. Les deux on se reparlait et on refaisait l’interventi­on moment par moment, pour voir où ça avait accroché. Après un certain temps, on a fini par accepter que si on avait à le refaire, ça serait de la même manière », soutient M. Gaudreau, qui compte huit ans de travail.

« PAIRS AIDANTS »

S’ils ont pu revenir au boulot aussi rapidement, c’est notamment en raison du programme de collègues « pairs aidants ». Ils ont été pris en charge la journée même du drame.

« Y’a une améliorati­on qui est assez claire au niveau de la durée des absences, parce qu’ils ont eu le soutien immédiat, explique Josée Coulombe, psychologu­e et responsabl­e du programme chez Urgences-santé. Même s’ils ne sont pas prêts à en parler, c’est important d’avoir une réponse qui est rapide et qu’ils se sentent appuyés. »

« Bien qu’au départ il y a eu des ratés, le programme est important et on souhaite qu’il soit poursuivi, parce que les résultats sont là », soutient de son côté Réjean Leclerc, président du syndicat préhospita­lier de la Confédérat­ion des syndicats nationaux.

ENCORE PLUS FORT

MM. Goyer et Gaudreau ont attendu après la période des Fêtes pour faire un retour au travail progressif. Ils répondent à des appels 911 depuis cette semaine.

« On avait vraiment besoin d’un gros break, ça a fait du bien », affirme M. Goyer.

« L’idéal c’est aussi d’en parler, surtout avec des collègues, car ils peuvent mieux comprendre. Avant c’était tabou d’en parler, mais il ne faut pas », ajoute son partenaire.

Le lien qui unit le duo est encore plus solide qu’avant, estiment-ils.

« J’ai toujours eu 100 % confiance en Marc-André, mais maintenant je le sais encore plus qu’avant. J’ai une confiance aveugle désormais », conclut M. Goyer.

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