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Les chances de Bernie Sanders de remporter l’investiture démocrate sont réelles. Peut-il déloger Donald Trump ? Malgré ses atouts, le doute subsiste. Pour le dissiper, il faudra que les démocrates et ce nouveau venu dans leur parti s’adaptent l’un à l’autre, ce qui risque d’être ardu.
La convention démocrate de juillet est encore loin, mais l’avance de Bernie Sanders dans le décompte des délégués et dans les sondages fait de sa nomination une réelle possibilité.
Même si la majorité des démocrates ne partage pas l’idéologie résolument de gauche du sénateur du Vermont, le fractionnement des votes entre les autres candidats pourrait lui assurer la victoire.
Cela dit, Sanders peut-il vraiment battre Trump ?
DES ATOUTS MAJEURS
Même si les sondages à ce stade de la campagne ne permettent pas de prédiction fiable, Sanders devance régulièrement Trump dans les intentions de vote et son avance est souvent meilleure que celle des autres démocrates.
Entre autres avantages, il est le seul démocrate qui peut affronter Trump avec des rallyes montres bourrés de partisans enthousiastes.
Sanders peut aussi contrer Trump avec son propre style populiste et son discours anti-élite. En plus, le financement exclusivement populaire de sa campagne donne à cet antiélitisme une authenticité qui manque à Trump.
DES OBSTACLES
Le principal obstacle à une victoire de Sander est évidemment l’image radicale de gauche qu’il projette, dont on craint qu’elle puisse éloigner les électeurs – et surtout les électrices – des banlieues qui ont abandonné les républicains au profit des démocrates lors des législatives de mi-mandat en 1998. Sa réputation extrémiste risque d’indisposer les électeurs qui rejettent Trump pour son autoritarisme, ses comportements erratiques et son conservatisme primaire, mais lui attribuent une bonne note économique. Si l’économie va bien, pourquoi tout risquer en appuyant la « révolution » que promet Sanders ?
Il n’est donc pas étonnant qu’un bon nombre de membres du Congrès rechignent à l’idée de se présenter devant leur électorat centriste sur un ticket mené par un « socialiste ».
Un autre problème moins évident qui inquiète les stratèges démocrates est que le gros des appuis de Sanders se trouve parmi les électeurs plus jeunes. Ce n’est pas mal pour un ronchon de 78 ans qui vient de subir une crise cardiaque, mais le problème est que les jeunes sont plus difficiles à convaincre de se présenter aux urnes.
NÉCESSAIRE ADAPTATION
Il est peut-être trop tard pour freiner la locomotive Bernie. Pour que cela arrive, il faudra que plusieurs candidats sacrifient leur ambition pour le bien de l’équipe. Si le nombre de candidats ne chute pas drastiquement tôt après le « Super Mardi » (le 3 mars), la porte sera grande ouverte pour Sanders.
S’ils veulent l’emporter en novembre, ni Sanders ni le parti ne peuvent se permettre une longue guerre interne. Évidemment, le parti devra s’adapter à la nouvelle orientation idéologique que lui imprimera Sanders. Nancy Pelosi a déclaré hier qu’elle n’aurait aucun problème à travailler de concert avec Sanders. C’est bon signe.
L’impétueux sénateur devra toutefois mettre de l’eau dans son vin. S’il veut gagner, Sanders devra contrôler les emportements de ses supporteurs et, surtout, harnacher le talent, l’énergie – et même les fortunes – de ses adversaires d’aujourd’hui.
Si on en juge par le ton de la campagne et des débats, ce ne sera pas facile.