Le Journal de Montreal

Michel Brûlé était certain qu’elle était « consentant­e »

L’éditeur de la maison Les Intouchabl­es est accusé d’agression sexuelle

- KATHLEEN FRENETTE

QUÉBEC | « Qu’une femme ait un flirt avec quelqu’un et qu’elle mentionne à son conjoint qu’elle a été agressée » est une situation « classique » pour l’éditeur Michel Brûlé, qui s’est dit persuadé que sa présumée victime a fui sa présence, en mars 2014, parce qu’elle s’est sentie « coupable ».

Si l’éditeur de 55 ans ne se souvenait pas « vraiment » de sa présumée victime lorsqu’il a été accusé d’agression sexuelle, en 2018, les souvenirs lui sont revenus « peu à peu », plus les semaines et les mois passaient. C’est ce qu’il a mentionné au tribunal, hier, lorsque contre-interrogé par la procureure aux poursuites criminelle­s et pénales Me Valérie Lahaie.

Encore une fois, Brûlé est revenu sur « le climat et la tension sexuelle » qu’il ressentait le soir du 21 mars 2014, lorsque sa présumée victime s’est présentée dans ce qu’elle croyait être les bureaux de la maison d’édition Les Intouchabl­es.

Questionné par la poursuivan­te à savoir comment cette « tension » se faisait sentir,

Brûlé a répondu que la dame avait un côté très « affectueux, chaleureux ».

COMPLIMENT SUR L’APPART

« Elle m’a dit : “C’est donc beau ici, c’est formidable, c’est extraordin­aire…” Dans ma maison, il y avait des murs de brique, des murs de pierre. Tout était rénové. Elle faisait des compliment­s sur la maison », a-t-il répondu, soutirant un visage interrogat­eur à la procureure.

« À ce moment-là, est-ce que madame a prononcé des paroles laissant croire qu’elle désirait voir la relation d’affaires devenir plus intime ? » a demandé Me Lahaie, ce à quoi l’accusé a répondu que « non », mais qu’après être monté à l’étage avec elle et lui avoir massé les épaules, « elle s’est mise à gémir ».

Revenant sur les déclaratio­ns faites à l’enquêteur Daniel Raymond à la suite de son arrestatio­n, l’avocate a voulu savoir pourquoi il n’avait jamais parlé du massage, de la tension sexuelle qu’il a ressentie, des gémissemen­ts de sa présumée victime ou encore du fait qu’elle lui aurait dit qu’il était « fait fort » et qu’il était « viril ».

« Parce que ça m’est revenu plus tard, dans les semaines ou les mois suivants, et je ne voyais pas l’intérêt d’envoyer un courriel », a laissé tomber Brûlé.

CONSENTEME­NT

L’avocat de la défense, Laurent Morin, a rappelé que « le consenteme­nt ne se devait pas obligatoir­ement d’être verbal » et que son client croyait sincèremen­t que la dame était consentant­e.

Pour la Couronne, les « paramètres de la rencontre » avaient été bien établis par la présumée victime et elle désirait une rencontre « profession­nelle » avec l’éditeur.

La poursuivan­te a également invité le juge Sébastien Proulx à ne pas oublier le témoignage de l’ancien conjoint de la dame qui a confirmé l’état de panique extrême dans lequel elle se trouvait en sortant de chez Brûlé. La décision sera rendue en septembre.

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Accusé
MICHEL BRÛLÉ Accusé

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