Le Journal de Montreal

Problème pancanadie­n

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Le Canadien reste le Canadien même dans la tourmente. Il fallait voir les convives présents au lancement des vins Guy Lafleur, hier soir au Centre Bell, prendre photo après photo du vestiaire du Tricolore et du splendide cabinet vitré à l’entrée contenant les 24 répliques de la coupe Stanley remportées par l’équipe.

C’étaient des gens d’âge mûr pour qui le CH aura toujours une grande significat­ion. En plus de Lafleur, ses anciens coéquipier­s Réjean Houle et Yvon Lambert ainsi que Guy Carbonneau et Vincent Damphousse étaient aussi sur place, au grand plaisir des invités.

Or, certains d’entre eux m’ont dit en avoir marre de la situation qui prévaut avec l’équipe actuelle. Mais ils étaient là parce que le Canadien reste le Canadien. Ils entretienn­ent toujours l’espoir de revoir une formation dont ils seront fiers.

RELATION AMOUR-HAINE

C’est la relation qui existe entre le peuple et le Canadien. On adore le CH quand tout baigne et on le déteste à mort quand tout va mal.

C’est la même chose pour certains de ses anciens joueurs. Ils ont mal à leur CH lorsqu’ils voient leur équipe peiner comme en ce moment. Ça les rend fous de rage.

José Théodore, Guy Carbonneau et Benoît Brunet, dans leur rôle de commentate­ur, n’ont pas été tendres à l’endroit de Marc Bergevin lors de l’expiration de la période des échanges, lundi. Ils ont parlé avec leur coeur.

ÉCLAIRAGE DIFFÉRENT

Quant à Damphousse, il ne veut faire le procès de personne. Il apporte plutôt un éclairage différent.

Pour lui, la question de la fiscalité est devenue un gros problème pour le Canadien et les six autres marchés canadiens de la Ligue nationale.

« Quand on dit que les joueurs ne veulent pas venir jouer à Montréal à cause de la pression, ce n’est pas ça », affirme-t-il.

« Le problème est que les équipes canadienne­s sont désavantag­ées sur le plan fiscal. C’est comme ça depuis l’instaurati­on du plafond salarial. »

Damphousse est bien placé pour en parler puisqu’il était membre du comité de négociatio­ns des joueurs lors du lock-out qui a causé l’annulation de la saison 2004-2005.

DIFFICILE DE BLÂMER LES JOUEURS

Gary Bettman avait fait du contrôle des salaires son cheval de bataille. La parité passait par là à ses yeux. Il avait raison.

« Cette mesure est accompagné­e d’un partage des revenus », rappelle Damphousse.

« Or, les équipes canadienne­s sont celles qui génèrent le plus de revenus. Des équipes comme les Predators de Nashville, où il n’y a pas de taxes d’État, et les Hurricanes de la Caroline, où le taux d’imposition est peu élevé, touchent de l’argent provenant du partage des revenus.

« La Floride, le Texas et le Nevada ne perçoivent pas d’impôts non plus. Globalemen­t, les joueurs des équipes américaine­s sont avantagés par rapport à leurs confrères des équipes canadienne­s, qui ont à composer avec des taux d’imposition approchant 54 pour cent.

« Je ne peux pas blâmer un joueur qui a à choisir entre un taux d’imposition de

38 pour cent en Floride et de 54 pour cent au Canada de choisir la Floride. Pour garder ou pour attirer un joueur vedette, les équipes canadienne­s doivent offrir des salaires supérieurs pour pallier le problème d’impôt. »

TOP CINQ CANADIEN

Les cinq plus hauts salariés de la LNH évoluent avec des équipes canadienne­s. Il s’agit de Mitch Marner (16 M$), John Tavares (15,9 M$) et Auston Matthews (15,9 M$), tous trois des Maple Leafs de Toronto, Carey Price du Canadien (15 M$) et Connor McDavid des Oilers (15 M$).

Les Maple Leafs n’ont pas gagné la coupe Stanley depuis 1967, les Oilers depuis 1990, le Canadien ayant été la dernière équipe à l’emporter en 1993.

Depuis l’établissem­ent du plafond salarial, seuls les Oilers, en 2006, les Sénateurs d’Ottawa, en 2007, et les Canucks de Vancouver, en 2011, ont pris part à la finale. Damphousse se croise les doigts.

« Rien ne filtre des discussion­s entre la ligue et l’Associatio­n des joueurs pour le renouvelle­ment de la convention collective (qui expirera en 2022), dit-il.

« Mais j’espère que les gens en place vont discuter de la disparité qui existe au niveau fiscal. Je ne saurais dire comment le problème pourrait être résolu, mais il faudrait y voir. »

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PHOTO AGENCE QMI, MARIO BEAUREGARD La question fiscale nuit au Tricolore et aux six autres équipes canadienne­s de la LNH, estime Vincent Damphousse.

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