Un premier cas est confirmé au Québec
La patiente, qui revenait d’Iran, présentait des symptômes légers à son retour
Le tout premier cas de coronavirus au Québec a été confirmé hier soir après que les résultats de la patiente de Montréal se sont avérés positifs.
« Je tiens à souligner le grand sens civique de la personne infectée, qui s’est empressée de prendre les mesures de prévention et d’hygiène nécessaires pour éviter la contamination de son entourage. Je veux également saluer le travail du personnel [...] pour la prise en charge », a souligné Yves Jalbert, directeur général adjoint de la protection de la santé publique, dans un communiqué. Jeudi, la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, avait annoncé un premier cas probable de COVID-19 en territoire québécois, après avoir obtenu les résultats d’une première analyse du Laboratoire de santé publique du Québec.
Le cas a finalement été confirmé hier soir par le Laboratoire de microbiologie de Winnipeg, qui a également rendu un diagnostic positif.
La patiente, dont l’identité n’a pas été révélée, est une femme de la région de Montréal qui revenait d’un voyage en Iran au moment où elle aurait ressenti des « symptômes légers » de coronavirus. Elle se serait immédiatement rendue à l’hôpital de Verdun à Montréal, comme le révélait notre Bureau d’enquête jeudi après-midi.
« Lors de la prise en charge de cette personne, toutes les mesures de précaution ont été mises en place. Son état ne nécessitant pas d’hospitalisation, elle est présentement en isolement seule à son domicile », peut-on lire aussi dans le communiqué.
MENACE MAXIMUM
L’OMS a aussi annoncé hier qu’elle portait à « très élevé » le niveau de menace du COVID-19, en rappelant à tous les pays de se préparer pour l’arrivée de l’épidémie. Il s’agit du niveau d’alerte le plus important. Se croire à l’abri serait « une erreur fatale », a ajouté l’organisation.
Un tout premier cas a d’ailleurs été recensé hier au Mexique ainsi qu’en Afrique subsaharienne, au Nigeria.
IRAN, SOURCE DE PROPAGATION
L’Iran, d’où provenait la voyageuse infectée à Montréal, se retrouve désormais au premier rang des sources de propagation, avec la Corée du Sud et l’Italie. Hier, le pays annonçait 143 nouveaux cas détectés, portant le bilan à 34 morts et le nombre de cas à 388.
Il s’agit du bilan le plus lourd jusqu’à maintenant en termes de décès hors de la Chine.
Vous faites partie des Québécois qui sont présentement en quarantaine, sur une base volontaire ? Le Journal veut vous parler. Vous pouvez écrire au jdmscoop@quebecormedia.com
Tandis que la peur du coronavirus continue d’affecter l’économie mondiale, voyageurs et douaniers s’inquiètent du peu de sérieux que les autorités semblent accorder à la situation.
« C’est relaxe. Vraiment trop relaxe », nous a confié Hui à la sortie de l’aéroport Montréal-Trudeau, hier, fraîchement débarqué de Chine.
« Je vous dirais que compte tenu des risques connus, on peut difficilement faire pire. »
Masque au visage et déterminé à s’imposer volontairement une quarantaine « par précaution élémentaire », ce dernier s’étonnait de la simplicité avec laquelle il venait de passer les douanes canadiennes, après un mois en Chine et une douzaine d’heures de vol.
PAS D’EXAMEN SYSTÉMATIQUE
Même étonnement de Judith, une Montréalaise d’origine asiatique, à son arrivée de Singapour, « où tout le monde prend votre température », dit-elle.
« Au restaurant, à l’hôtel, à l’aéroport, c’est partout. Puis on arrive ici, et puis : rien ! »
Pas d’examen ou de contrôle de fièvre systématique ; pas de masque non plus pour les passagers arrivant de zones pourtant connues comme des foyers du COVID-19.
L’Agence de santé publique du Canada (ASPC) a plutôt fait le choix d’un système encourageant les passagers à l’autodiagnostic et à la divulgation volontaire de leur état de santé.
DES DOUANIERS PEU RASSURÉS
« La prise systématique de température n’est pas un moyen efficace de lutter contre (ce) virus », a répondu le Dr Howard Njoo, sous-administrateur en chef de la santé publique à l’ASPC.
Peu importe la provenance des voyageurs, l’Agence de services frontaliers du Canada (ASFC) ne procède à aucun examen systématique.
« Si je porte un masque, c’est parce que je m’en suis acheté quelques-uns avant de partir », affirme Omar, de retour du Qatar, où des malades ont contracté le virus.
Les douaniers ne paraissent guère plus rassurés.
« Nous faisons évidemment de notre mieux, affirme Jean-Pierre Fortin, président national du Syndicat des douanes et de l’immigration, qui regroupe 11 000 travailleurs. Mais la réalité est qu’on nous demande de jouer un rôle pour lequel nous n’avons pas été formés. »
« Nous sommes programmés pour détecter des fraudes et les importations illégales de drogues. Personne chez nous ne se prétend expert dans la détection de personne démontrant des symptômes de fièvre. »
À défaut de mieux, ces derniers n’ont d’autres choix que de se fier à la déclaration volontaire des passagers internationaux à qui l’on demande, par borne électronique, s’ils ont visité la province de Hubei, en Chine.
L’ASFC nous a refusé l’accès aux « zones sécurisées » qui accueillent les passagers de Montréal-Trudeau, entre leur sortie de l’avion et celle de l’aéroport.
Jusqu’à nouvel ordre, les voyageurs sont exposés à des panneaux les incitant à avertir les agents des services frontaliers s’ils présentent des symptômes de grippe. Les autres se verraient remettre un feuillet leur conseillant de consulter leur médecin au besoin.