Le Journal de Montreal

Un voleur d’adolescenc­e dans l’écurie

Le sexagénair­e a amadoué des jeunes filles pendant près de 20 ans afin de profiter sexuelleme­nt d’elles

- JONATHAN TREMBLAY *Noms fictifs en raison d’un interdit de publicatio­n

Des victimes d’un manipulate­ur d’adolescent­es se sont dites répugnées cette semaine en apprenant qu’il avait répété sa ruse de séduction sur une douzaine de mineures pendant près de 20 ans, à Saint-Amable, en Montérégie.

« C’est venu me chercher, car c’est le même pattern. C’est mon histoire que j’entendais. J’étais la première. J’ai un sentiment de culpabilit­é envers les autres », souffle Zoé*, une des victimes de Clément Lamoureux. Ce prédateur sexuel de 66 ans a reconnu avoir commis des délits de nature sexuelle sur une douzaine d’adolescent­es entre 1999 et 2017, mardi, au palais de justice de Sorel-Tracy. Incitation­s et contacts sexuels, agressions sexuelles, et même agressions avec une tierce personne faisaient partie des accusation­s.

La femme âgée de 34 ans a assisté à l’enregistre­ment du plaidoyer de culpabilit­é de l’homme qui l’a agressée à de multiples reprises. Elle n’avait au départ que 13 ans.

VULNÉRABLE­S

Lamoureux avait développé un stratagème afin que des jeunes filles qui fréquentai­ent l’écurie où il travaillai­t tombent sous son charme. Il leur caressait les fesses et la poitrine. Il les compliment­ait à répétition, et les rendait jalouses de ses autres

conquêtes, âgées de 13 à 17 ans.

Il poussait même l’odieux jusqu’à se vanter qu’elles devaient avoir leurs premiers ébats sexuels avec lui, un homme « d’expérience », afin qu’il puisse les éduquer.

« À ce moment-là, c’était mon chum. J’étais en amour avec lui. Pour moi, c’était

l’homme de ma vie », réalise avec colère Lili*. « Je n’ai rien vu passer. À cet âge, on veut toutes un chum. »

Certains des sévices sexuels qu’il a fait subir aux ados sont tellement insoutenab­les qu’on préfère en taire les détails.

Si certaines adolescent­es repoussaie­nt ses avances, la plupart enduraient son comporteme­nt, car Lamoureux leur donnait le privilège de faire de l’équitation. Elles prenaient même sa défense devant les parents soupçonneu­x. « Je regrette de m’être fait manipuler. Il m’a volé mon adolescenc­e et toutes mes premières fois, poursuit-elle. Il mérite ce qui lui arrive. »

INCAPABLE DE REMONTER

Elle se dit si traumatisé­e par ses années sous le joug de Lamoureux qu’elle ne peut plus remonter à cheval. « Je suis même incapable d’en voir un. Il nous a aussi volé une passion », s’insurge-t-elle.

Zoé déplore surtout que, malgré le processus judiciaire, le vicieux récidivist­e ne semble toujours pas reconnaîtr­e l’illégalité de ses gestes. « Il me regardait encore avec un beau sourire, mardi. Pour lui, c’est de notre faute. Il n’a aucun remords », dit-elle.

D’ailleurs, à quelques reprises, Lamoureux a tenté de se justifier auprès du juge. Il a affirmé qu’il n’avait forcé personne.

Son dossier reviendra à la cour en mars. Un rapport présentenc­iel et une expertise sexologiqu­e seront ensuite produits d’ici les observatio­ns sur la peine, en mai.

Dans ce dossier, on reproche aussi au fils de Clément Lamoureux et à trois autres personnes d’avoir participé à une agression sexuelle collective.

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PHOTO JONATHAN TREMBLAY Clément Lamoureux, 66 ans, n’était pas d’humeur à rire à sa sortie du palais de justice de Sorel-Tracy, après son enquête préliminai­re, le 23 septembre dernier.

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