Un voleur d’adolescence dans l’écurie
Le sexagénaire a amadoué des jeunes filles pendant près de 20 ans afin de profiter sexuellement d’elles
Des victimes d’un manipulateur d’adolescentes se sont dites répugnées cette semaine en apprenant qu’il avait répété sa ruse de séduction sur une douzaine de mineures pendant près de 20 ans, à Saint-Amable, en Montérégie.
« C’est venu me chercher, car c’est le même pattern. C’est mon histoire que j’entendais. J’étais la première. J’ai un sentiment de culpabilité envers les autres », souffle Zoé*, une des victimes de Clément Lamoureux. Ce prédateur sexuel de 66 ans a reconnu avoir commis des délits de nature sexuelle sur une douzaine d’adolescentes entre 1999 et 2017, mardi, au palais de justice de Sorel-Tracy. Incitations et contacts sexuels, agressions sexuelles, et même agressions avec une tierce personne faisaient partie des accusations.
La femme âgée de 34 ans a assisté à l’enregistrement du plaidoyer de culpabilité de l’homme qui l’a agressée à de multiples reprises. Elle n’avait au départ que 13 ans.
VULNÉRABLES
Lamoureux avait développé un stratagème afin que des jeunes filles qui fréquentaient l’écurie où il travaillait tombent sous son charme. Il leur caressait les fesses et la poitrine. Il les complimentait à répétition, et les rendait jalouses de ses autres
conquêtes, âgées de 13 à 17 ans.
Il poussait même l’odieux jusqu’à se vanter qu’elles devaient avoir leurs premiers ébats sexuels avec lui, un homme « d’expérience », afin qu’il puisse les éduquer.
« À ce moment-là, c’était mon chum. J’étais en amour avec lui. Pour moi, c’était
l’homme de ma vie », réalise avec colère Lili*. « Je n’ai rien vu passer. À cet âge, on veut toutes un chum. »
Certains des sévices sexuels qu’il a fait subir aux ados sont tellement insoutenables qu’on préfère en taire les détails.
Si certaines adolescentes repoussaient ses avances, la plupart enduraient son comportement, car Lamoureux leur donnait le privilège de faire de l’équitation. Elles prenaient même sa défense devant les parents soupçonneux. « Je regrette de m’être fait manipuler. Il m’a volé mon adolescence et toutes mes premières fois, poursuit-elle. Il mérite ce qui lui arrive. »
INCAPABLE DE REMONTER
Elle se dit si traumatisée par ses années sous le joug de Lamoureux qu’elle ne peut plus remonter à cheval. « Je suis même incapable d’en voir un. Il nous a aussi volé une passion », s’insurge-t-elle.
Zoé déplore surtout que, malgré le processus judiciaire, le vicieux récidiviste ne semble toujours pas reconnaître l’illégalité de ses gestes. « Il me regardait encore avec un beau sourire, mardi. Pour lui, c’est de notre faute. Il n’a aucun remords », dit-elle.
D’ailleurs, à quelques reprises, Lamoureux a tenté de se justifier auprès du juge. Il a affirmé qu’il n’avait forcé personne.
Son dossier reviendra à la cour en mars. Un rapport présentenciel et une expertise sexologique seront ensuite produits d’ici les observations sur la peine, en mai.
Dans ce dossier, on reproche aussi au fils de Clément Lamoureux et à trois autres personnes d’avoir participé à une agression sexuelle collective.