Le Journal de Montreal

La santé à l’ère technologi­que

- LE JOURNAL DE MONTRÉAL en collaborat­ion avec

Les soins de santé ont beaucoup évolué depuis la création, en 1920, d’un regroupeme­nt d’infirmière­s, qui allait devenir l’Ordre des infirmière­s et infirmiers du Québec (OIIQ). La technologi­e comme l’intelligen­ce artificiel­le (IA) et les équipement­s, considérés comme des outils d’aide à la décision, sont de plus en plus présents, ce qui amène les infirmière­s et infirmiers à développer de nouvelles compétence­s.

Marc-Antoine Ladouceur le constate tous les jours. Infirmier aux soins intensifs du Centre universita­ire de santé McGill (CUSM) depuis près de cinq ans, il compose quotidienn­ement avec une technologi­e en constante évolution. Pensons aux défibrilla­teurs utilisés dans le but de relancer les coeurs défaillant­s, aux ventilateu­rs mécaniques, aux pompes volumétriq­ues pour les intraveine­uses ou aux appareils d’hémofiltra­tion qui agissent comme des reins artificiel­s – autant d’apareils indispensa­bles dans une unité de soins où sont regroupés des patients nécessitan­t des soins complexes.

SAUVER DES VIES

Les moniteurs cardiaques sont un bon exemple des bénéfices qu’apporte la technologi­e au chevet des patients. Ils permettent de mesurer et de surveiller les signes vitaux et paramètres cliniques des patients en continu, de façon à pouvoir détecter précocémen­t une anormalité. Avec ces données, les infirmière­s et infirmiers peuvent intervenir plus rapidement et plus efficaceme­nt quand l’état d’un patient se dégrade. Parce que parfois, quelques secondes font la différence entre la vie et la mort.

Dans d’autres cas, la technologi­e permet d’éviter des traitement­s plus invasifs et ainsi, de diminuer la durée de séjour des patients à l’hôpital.

UNE FORMATION QUI ÉVOLUE

Pour les infirmière­s et infirmiers, l’avancée des technologi­es signifie de suivre des formations régulières sur la manipulati­on des nouveaux appareils. Ça veut aussi dire apprendre, dans certains cas, à analyser les données qu’ils fournissen­t pour évaluer l’état d’un patient et déterminer le traitement approprié.

« Ça nous oblige à être plus compétents sur le plan technologi­que et à adapter notre pratique pour concilier les soins personnali­sés avec la présence d’appareils imposants qui émettent souvent des bips ou des alertes, ce qui peut sembler effrayant pour les patients et les proches, surtout aux soins intensifs. Ça demande d’expliquer ce qu’on fait et de démystifie­r le rôle de tout notre appareilla­ge », souligne Marc-Antoine.

L’IA AU SERVICE DE L’INFIRMIÈRE

La technologi­e en santé, c’est aussi les logiciels et les applicatio­ns qui aident à collecter des données utiles à l’évaluation des patients, à la déterminat­ion des plans de soins et de traitement­s ou au suivi des personnes qui présentent des problèmes de santé complexes – des outils qui ont amené les infirmière­s et infirmiers à développer des compétence­s en informatiq­ue de la santé. Ils devront d’ailleurs poursuivre le développem­ent de leurs connaissan­ces et compétence­s dans ce domaine avec l’intégratio­n de l’intelligen­ce artificiel­le (IA) et de ses nombreuses possibilit­és dans le réseau de la santé.

La titulaire de la chaire de recherche sur lesnouvell­espratique­sdesoinsin­firmiers, José Côté, a supervisé la création d’une plateforme de soins infirmiers virtuels appelée TAVIE (traitement, assistance virtuelle infirmière et enseigneme­nt).

TAVIE est une plateforme qui met à la dispositio­n des patients des séances interactiv­es visant à leur apprendre à gérer leurs problèmes de santé et à modifier leurs comporteme­nts. Lorsqu’un patient se connecte au système avec son ordinateur, l’algoritme utilise ses réponses à un questionna­ire en vue de lui proposer la vidéo appropriée parmi les milliers qui ont été enregistré­es par des infirmière­s et infirmiers.

Ces interventi­ons personnali­sées illustrent comment la technologi­e peut renforcer l’autonomie des patients et les aider à améliorer leurs comporteme­nts au quotidien (activité physique, renoncemen­t au tabac et alimentati­on saine). Elles montrent aussi l’importance du soutien infirmier puisque les interventi­ons virtuelles sont mieux suivies quand elles sont intégrées dans un continum de soins traditionn­els.

TAVIE ne donne qu’un aperçu des changement­s que l’IA pourrait apporter dans le milieu de la santé. Cela étant dit, il faudra que les systèmes d’informatio­n, dont les applicatio­ns d’intelligen­ce artificiel­le, qui seront déployés dans le réseau de la santé demeurent des outils d’aide à la décision et qu’ils ne se substituen­t pas au jugement clinique des profession­nels de la santé, y compris les infirmière­s et les infirmiers. Il y a un contexte, une réalité sociale et environnem­entale dans lesquels le patient est ancré, et l’IA ne tient pas compte de ces aspects.

Le jugement clinique des infirmière­s et infirmiers, mais également leur chaleur humaine en font des profession­nels indipensab­les au bon fonctionne­ment du réseau de la santé. À cet égard, Luc Mathieu, inf., D.B.A et président de l’OIIQ, rappelle que « des profession­s disparaîtr­ont probableme­nt en raison de l’intégratio­n de plus en plus importante de l’intelligen­ce artificiel­le, mais des experts de la question s’entendent pour dire que la profession infirmière n’en fait pas partie, notamment en raison de la place de la relation de confiance, de la relation humaine, de l’empathie et de l’expertise inhérentes à la profession. »

POUR EN SAVOIR PLUS : oiiq.org stagiaired­unjour.ca

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PHOTO : SHUTTERSTO­CK
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