Le Journal de Montreal

Un gouverneme­nt en lambeaux

- MARIO Blogueur au Journal Économiste, animateur et chroniqueu­r mario.dumont @quebecorme­dia.com

DUMONT

Ce conflit hivernal avec les chefs héréditair­es Wet’suwet’en n’aura pas seulement affaibli le leadership de Justin Trudeau. Il aura montré l’extrême faiblesse de l’équipe libérale. Cette crise, qui a pris des proportion­s démesurées, a révélé aux Canadiens la grande fragilité de ce cabinet.

Avant d’évaluer les ministres qui auraient dû jouer un rôle clé, une remarque générale. Les blocus se sont installés pendant une semaine où le premier ministre visitait l’Afrique. L’absence totale de pilote dans l’avion au départ a certaineme­nt contribué à établir les bases d’une crise qui allait durer longtemps.

AUCUN LEADER

Nous avons vite senti qu’aucun ministre ne prenait le leadership. Personne n’avait les choses en main. Nous avons compris alors que lorsque Justin Trudeau et ses quelques conseiller­s seniors ont la tête en dehors du pays, le Canada opère sur un pilote automatiqu­e avec les batteries faibles.

La crise aura été mauvaise pour le ministre des Transports, Marc Garneau. Premier à intervenir dès la troisième journée, il a minimisé la gravité de l’affaire. Erreur. Puis il s’en est entièremen­t remis aux provinces, abdiquant sa responsabi­lité sur les voies ferrées. Quelques jours après, il a dû modifier son discours. Confusion, signes de faiblesse, désengagem­ent, ses interventi­ons sonnaient à l’inverse du leadership attendu.

Le ministre responsabl­e des Services aux Autochtone­s,

Marc Miller, se vante de parler la langue mohawk. Il a vite été identifié comme un interlocut­eur qui pourrait faire la différence. Loin d’être un atout pour son gouverneme­nt, il avait un genou à terre dès le premier week-end.

Il avait offert d’aller rencontrer les Mohawks de Tyendinaga à condition que la barricade soit levée. La barricade n’a pas bougé… et il y est allé quand même. Quel signe d’aveulissem­ent ! Pour une rencontre sans résultat.

La ministre des Relations Couronne-Autochtone­s, Carolyn

Bennett, s’en sort peut-être moins mal. Elle est quand même le symbole du gouverneme­nt d’un grand pays qui quête une rencontre avec les représenta­nts d’une communauté de 3000 habitants. Ladite rencontre a eu lieu après trois semaines d’attente.

Bill Blair est ministre de la Sécurité publique. À ce titre, il n’a rien fait en matière d’applicatio­n des lois ou du maintien de l’ordre. À titre de patron de la GRC, il a annoncé le retrait du poste temporaire sur la réserve de Wet’suwet’en. Une semaine après son annonce, les Autochtone­s l’accusaient toujours de ne pas s’être exécuté. Il a peiné à rétablir les faits.

FREELAND DÉÇOIT

En nommant Chrystia Freeland vice-première ministre avec la responsabi­lité de l’unité canadienne, Justin Trudeau se nommait un bras droit pour les jours difficiles. Elle s’était démarquée pour son efficacité et sa vigueur dans les négociatio­ns avec les États-Unis. Elle a été absente de la gestion de cette crise. En parallèle, la colère en Alberta a grimpé d’un cran. Le Canada est aujourd’hui plus divisé que jamais.

Quant aux quatre ministres libéraux de la Colombie-Britanniqu­e, tout cela se passait dans leur cour. Mais ils sont restés dans la maison.

Un cabinet qui va ressortir amoché.

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Ce n’est pas seulement Justin Trudeau qui va ressortir affaibli des blocus autochtone­s, mais toute son équipe.
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