Félix, mon fils et le suicide
Cette histoire d’un texte du grand Félix Leclerc retiré dans une école primaire aura fait grand bruit cette semaine.
J’ai entendu et lu toutes les indignations. « Une rectitude politique à lever le coeur ! », « J’ai honte ! », « notre société se dirige tout droit dans le caniveau ! », et j’en passe.
Moi, ce qui me désole de notre société, c’est notre incapacité chronique à faire preuve de nuance. Tout est blanc, tout est noir. Vous êtes pour Félix et son oeuvre, ou contre. Vous êtes lucide, ou bien vous vous prélassez dans un monde de licornes.
LE GRAND POÈTE
Félix Leclerc est un joyau de la culture québécoise. Il doit être non seulement enseigné, mais assurément célébré. On peut se désoler de notre tendance à occulter celles et ceux qui nous ont bâti, alors que la culture moderne est omniprésente et opère tel un tsunami dévastateur qui anéantit notre mémoire collective.
On peut décrier le culte de l’enfant-roi et des parents papier bulle. Dénoncer la rectitude politique étouffante.
Mais doit-on pour autant jeter le jugement le plus élémentaire à la poubelle ?
JUGEMENT
À mon tour, je me questionne sur le jugement d’une majorité, quand je devrais considérer qu’il serait normal, voire souhaitable, que je réponde aux questions de mon fils, qui est en 3e année, sur ledit texte.
« C’est vrai papa que le noeud coulant est difficile quand on veut se pendre ? », « oui, mon fils, car sans un bon noeud, tu peux manquer ton coup et finir dans un état végétatif ».
« Et le rasoir, c’est vrai que c’est très salissant ? », « oui, car s’ouvrir les veines, ça fait un méchant dégât, mais c’est plutôt efficace ».
Vraiment ? Vous souhaitez qu’un enfant de 8 ans soit exposé et sensibilisé àça?
Il y a 100 000 façons de célébrer Félix. Mais pas en enseignant à des enfants de moins de 10 ans comment se suicider.