Le Journal de Montreal

Quand l’entreprise se fait ghoster par un candidat

Avec la pénurie, de nombreux candidats coupent court au processus d’embauche

- SYLVIE LEMIEUX Le Journal de Montréal ghosting

Le ghosting est de plus en plus présent dans le monde du recrutemen­t. Cette pratique, qui se manifeste quand un candidat coupe toute communicat­ion sans donner d’explicatio­n durant le processus d’embauche, Christian Genest l’a vécue souvent.

« Un candidat sur trois ne se pointe pas à l’entrevue, estime le président de Buddha-Station. Récemment, on a même eu le cas d’une personne qui avait accepté notre offre d’embauche, mais qui ne s’est jamais présentée le jour de son entrée en poste. On n’a jamais su pourquoi, puisqu’elle n’a pas répondu à nos appels. »

Ne pas connaître les motifs de cette décision, c’est surtout cela que le dirigeant déplore. « Ce n’est pas grave si un candidat refuse une propositio­n d’emploi, on aimerait juste savoir pourquoi. C’est un terrain d’apprentiss­age dont on a besoin comme employeur », explique le fondateur de Buddha-Station, qui fait la livraison de repas santé dans les entreprise­s.

DES CONSEILS POUR LE PRÉVENIR

Le existe depuis longtemps. Attendre en vain une réponse d’un recruteur a longtemps été le lot des chercheurs d’emploi. Aujourd’hui, avec la pénurie de talents, l’équilibre du pouvoir s’est renversé et ce sont maintenant les candidats qui ne donnent pas suite aux messages des employeurs.

Un sondage de la plateforme d’emplois Indeed mené en 2019 révélait que 83 % des employeurs ont déjà été « ghostés » par un candidat. Le phénomène coûte cher à l’entreprise puisqu’il allonge le processus d’embauche. Il a aussi des répercussi­ons négatives sur la marque employeur.

COMMENT LE PRÉVENIR ?

« En modernisan­t ses pratiques de recrutemen­t », affirme Jenny Ouellette, fondatrice de la plateforme BonBoss.ca, qui offre une certificat­ion et de la formation aux employeurs désireux d’améliorer leur style de gestion.

Cela commence par une offre d’emploi bien rédigée qui doit répondre à trois questions essentiell­es pour les candidats.

« Ils veulent savoir quelle est la culture de l’entreprise, soit comment les équipes travaillen­t, dans quel environnem­ent, explique Mme Ouellette. Aussi, avec qui ils vont travailler. Quel est le style de gestion de la personne qui deviendrai­t leur boss. Enfin, ils veulent savoir à quoi ils vont contribuer.

« Un employeur qui saura bien communique­r ce qu’il a à offrir attirera plus de candidats, ajoute-t-elle. Il faut aussi rendre le processus de recrutemen­t agréable pour donner envie au candidat de poursuivre la démarche. »

Chez Buddha-Station, l’équipe de recruteurs fait toujours une rétroactio­n avec le candidat pour savoir ce qu’il a pensé de l’entreprise et de l’entrevue. « C’est cela qui nous aide à toujours nous améliorer et nous démarquer », explique Christian Genest. Quand un candidat joue aux abonnés absents, il prend maintenant la chose avec philosophi­e. « Je me dis qu’elle n’était pas la personne pour se joindre à l’équipe puisqu’elle ne rejoint pas nos valeurs. »

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PHOTO JEAN-FRANCOIS DESGAGNES Christian Genest, PDG de Buddha-Station, plus tôt cette semaine, à son siège social.

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