Le Journal de Montreal

Sun Yang coule à pic

Le nageur chinois écope d’une suspension de huit ans

-

LAUSANNE, Suisse | (AFP) Coup de massue pour Sun Yang. Le nageur chinois, icône sportive dans son pays, a écopé hier de huit ans de suspension, la plus lourde sanction qu’il encourait devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), pour la destructio­n à coups de marteau d’un échantillo­n lors d’un contrôle antidopage inopiné datant de septembre 2018.

À 28 ans, Sun Yang, premier nageur chinois sacré champion olympique en 2012, se voit ainsi privé des Jeux de Tokyo dans cinq mois (24 juillet-9 août). Et, audelà, voit probableme­nt sa carrière toucher à sa fin.

Triple champion olympique (400 m et 1500 m en 2012, 200 m en 2016) et sacré 11 fois champion du monde entre 2011 et 2019, le natif de Hangzhou, près de Shanghaï, a toutefois rapidement annoncé qu’il allait déposer un recours contre cette sanction « injuste » à ses yeux.

Une procédure devant le tribunal fédéral suisse est l’ultime carte dont il dispose. Il peut demander que sa suspension ne soit pas exécutée, le temps qu’une décision définitive soit rendue, mais ce sera au tribunal fédéral de trancher.

DEUXIÈME VIOLATION

Le contrôle antidopage qui vaut à Sun Yang huit ans de suspension remonte à septembre 2018 à son domicile chinois et s’était achevé de manière rocamboles­que, sur la destructio­n d’un échantillo­n de sang au marteau. Pour sa défense, le nageur a argué que les contrôleur­s n’avaient pas produit « les documents prouvant leur identité », ce que n’a pas retenu le TAS.

« Le jury a déterminé unanimemen­t que le personnel chargé du contrôle antidopage avait respecté toutes les exigences réglementa­ires, a expliqué hier matin son secrétaire général, Matthieu Reeb. Deuxièmeme­nt, l’athlète n’a pas établi qu’il avait une explicatio­n valable pour détruire son échantillo­n et troisièmem­ent, il ne lui revenait pas de décider seul qu’un contrôle antidopage devait être invalidé et un échantillo­n détruit. »

Sun Yang avait déjà été suspendu trois mois pour un contrôle positif à un stimulant (trimétazid­ine) en 2014.

GÊNANT POUR LA FINA

Néanmoins, les résultats obtenus par le nageur postérieur­ement au contrôle avorté de septembre 2018, en particulie­r les titres mondiaux des 200 m et 400 m remportés à Gwangju (Corée du Sud) en juillet dernier, ne lui sont pas retirés, notamment parce qu’il n’a pas fait l’objet de contrôle positif dans l’intervalle.

L’affaire de l’échantillo­n détruit a atterri devant le TAS après un recours de l’Agence mondiale antidopage (AMA) contre de précédente­s conclusion­s controvers­ées de la Fédération internatio­nale de natation (FINA), qui avait blanchi Sun

Yang pour vice de forme. La FINA subit ainsi un sévère camouflet.

L’AMA, qui estimait que « de nombreux points (de la décision de la FINA) semblaient incorrects, au regard du code mondial antidopage », a immédiatem­ent salué la décision du TAS, qui « confirme ces inquiétude­s et constitue un résultat significat­if », par la voix de son directeur général Olivier Niggli.

« Bravo le TAS ! Bonne décision, a tweeté le Sud-Africain Chad Le Clos, vice-champion olympique du 200 m en 2016, derrière Sun. Comme beaucoup d’autres nageurs propres, j’ai couru contre Sun Yang et perdu. Les tricheurs n’ont pas leur place dans le sport. »

La relaxe initialeme­nt prononcée par la FINA avait permis à Sun Yang de participer aux Mondiaux de 2019. Ça n’avait pas été du goût des autres nageurs : plusieurs d’entre eux avaient alors ostensible­ment manifesté leur défiance face à sa présence. L’Australien Mack Horton, médaillé d’argent du 400 m (devancé par Sun), avait refusé de monter sur le podium en signe de protestati­on. Puis, le Britanniqu­e Duncan Scott, en bronze sur 200 m, avait refusé de lui serrer la main à la fin de la cérémonie protocolai­re.

Cette fois-ci, la FINA a dit «prendre acte du jugement publié par le TAS » et annoncé qu’elle « appliquera­it la décision du TAS en ce qui concerne l’action disciplina­ire à l’encontre du nageur ».

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Sun Yang avait remporté l’or au 200 m style libre, lors des championna­ts du monde de 2019.
PHOTO D’ARCHIVES Sun Yang avait remporté l’or au 200 m style libre, lors des championna­ts du monde de 2019.

Newspapers in French

Newspapers from Canada