Le Journal de Montreal

Des experts s’inquiètent

- HUGO JONCAS Bureau d’enquête

Des experts en cybersécur­ité croient que les gouverneme­nts doivent redoubler de vigilance pour détecter les fuites de mots de passe qui pourraient compromett­re leurs informatio­ns et celles de leurs employés.

« Ce n’est pas encore pris au sérieux », affirme l’expert en cybersécur­ité Mathieu Jacques.

Selon lui, les autorités devraient systématiq­uement informer leurs employés de la présence de mots de passe leur étant associés sur le web clandestin, même s’ils ont été changés et qu’ils sont associés à des fuites déjà connues.

« Tous les utilisateu­rs devraient être notifiés pour leurs propres problèmes », soutient M. Jacques, fondateur de Microfix, une firme qui aide les entreprise­s à colmater leurs vulnérabil­ités informatiq­ues.

PLUSIEURS FAÇONS

Comment ces données sontelles arrivées entre les mains de pirates ?

La réponse varie énormément selon les cas, disent les experts.

■ La victime peut avoir utilisé son adresse courriel profession­nelle comme identifian­t pour se connecter à un autre site qui s’est fait pirater, comme LinkedIn, Dropbox ou Ashley Madison.

« C’est généraleme­nt la source d’informatio­n piratée la moins valide, ne serait-ce que parce que l’informatio­n sur ces brèches est connue et les usagers diligents ont déjà changé leur mot de passe », explique M. Jacques.

■ Quelqu’un peut avoir utilisé un ordinateur à la maison ou ailleurs, infecté par un virus, pour se connecter à son compte profession­nel, et s’être alors fait voler l’informatio­n.

Pour ce faire, les pirates peuvent utiliser le keylogging : un logiciel espion qui transmet les touches sur lesquelles tape la victime, et enregistre son activité.

■ La victime peut avoir été « hameçonnée » (phishing) : au téléphone, par texto, par courriel ou à l’aide d’un faux site, le pirate l’a convaincue de partager son mot de passe en se faisant passer

Chose certaine, le vol de mots de passe est un grave problème dans les organisati­ons, publiques ou privées, assure Damien Bancal, spécialist­e en cyberintel­ligence.

« Des fuites, il y en a à profusion, dit-il. Après le vol, les pirates peuvent utiliser les informatio­ns pendant des années, les revendre plusieurs fois… »

Les gouverneme­nts prennent-ils la chose à la légère ? « Ça évolue dans le bon sens, note M. Bancal. Mais leurs experts en sécurité ne peuvent pas surveiller chaque employé. » pour un interlocut­eur légitime.

√ Pire scénario : l’organisme lui-même peut avoir directemen­t été victime d’une attaque ou d’un vol d’informatio­ns, comme Desjardins et le ministère de l’Éducation.

GRAVE PROBLÈME

Contactez-moi en toute confidenti­alité au 438‑396‑5546 (signal, cellulaire) ou à hjoncas@protonmail.com

 ??  ?? MATHIEU JACQUES Expert en cybersécur­ité
MATHIEU JACQUES Expert en cybersécur­ité

Newspapers in French

Newspapers from Canada