Le Journal de Montreal

« HENRI NOUS A APPRIS À GAGNER »

Yvan Cournoyer a perdu un autre capitaine et... un ami

- Louis Butcher l∫ LButcherJD­M louis. butcher @quebecorme­dia.com

FORT LAUDERDALE | Un seul joueur dans l’histoire de la LNH a remporté plus de coupes Stanley qu’Yvan Cournoyer. C’est Henri Richard.

Au bout du fil, celui qui a été affectueus­ement surnommé le « Roadrunner » avait peine à contenir ses émotions quand on lui a parlé de son partenaire de trio.

« Je perds un capitaine, un coéquipier et ami, a raconté Cournoyer d’entrée de jeu. On s’attendait au pire. La semaine dernière, j’ai parlé à un de ses fils qui m’a dit que sa santé s’était vraiment détériorée ces derniers jours.

« Puis, Réjean Houle m’a contacté mercredi pour me dire que ce n’était qu’une question d’heures. Il m’a rappelé le lendemain pour m’annoncer qu’Henri s’est éteint à deux heures du matin. »

DES RIRES ET DES… TRÉMOLOS

C’est une foule de souvenirs qui sont revenus dans la tête de Cournoyer quand on lui a parlé du «Pocket Rocket». Tantôt avec des rires, tantôt avec des trémolos dans la voix.

« Mes dix Coupes Stanley, a-t-il poursuivi, je les dois en grande partie à Henri et à Jean Béliveau [qui a lui aussi soulevé le précieux trophée à dix reprises]. Ils ont été des inspiratio­ns pour moi. Je me rappelle mon premier match avec le Canadien, c’était contre les Red Wings à Detroit. C’est la première fois que je rencontrai­s Henri.

« Je lui avais dit que “je m’en venais ici pour vous aider”. Il l’avait trouvé bien drôle, moi qui arrivais du haut de mes 5 pi, 8 po et 170 livres. On a gagné le match. 7 à 3 et j’avais inscrit le but gagnant, le… septième ! »

Cournoyer, âgé de 76 ans et plus vieux capitaine vivant, se dit privilégié d’avoir côtoyé cette légende du Canadien qui s’est sacrifié pendant toute sa carrière pour son équipe.

« Il était tellement fier de jouer pour le CH. Jamais je ne l’aurais imaginé porter l’uniforme d’une autre équipe. Lui non plus d’ailleurs.

« Henri nous a appris à gagner, c’est aussi simple que ça, a-t-il renchéri. Il était un exemple à suivre. Et non, ce n’est pas gênant d’avoir gagné une Coupe Stanley de moins que lui.

« J’ai perdu en Béliveau et Richard mes deux capitaines. »

À cette époque où les longs voyages en train tissaient des liens, Cournoyer se souvient que Richard ne parlait pas beaucoup.

« Il n’était pas non plus celui qui aimait se moquer de ses coéquipier­s, enchaînet-il. En fait, il détestait se faire jouer des tours. Quand ça lui arrivait, il devenait… mauvais. On n’a pas insisté. »

UNE COUPE SANS LUI

Quand Henri s’est retiré après avoir gagné sa 11e coupe Stanley, un record qui ne sera jamais battu, il nous invitait à sa Brasserie à Montréal après chaque saison.

« Je me souviens de lui avoir dit, a souligné Cournoyer, qu’on avait gagné la Coupe Stanley sans lui. C’était juste pour le taquiner. »

Cournoyer est allé au chevet de Richard, atteint de la maladie d’Alzheimer, pour la dernière fois il y a environ un an.

« Je pense qu’il ne m’a pas reconnu, a-t-il avoué. J’ai voulu aller le revoir plus tard, mais son épouse Lise a insisté de ne pas y aller. Elle voulait que je garde un bon souvenir d’Henri. »

Cournoyer a succédé à Henri Richard à titre de capitaine du Canadien en 1975. Poste qu’il aura conservé pendant quatre saisons avant que des malaises persistant­s au dos ne le forcent à prendre sa retraite.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Yvan Cournoyer (à gauche) a beaucoup appris en présence des vétérans Frank Mahovlich et Henri Richard, son capitaine.
PHOTO D’ARCHIVES Yvan Cournoyer (à gauche) a beaucoup appris en présence des vétérans Frank Mahovlich et Henri Richard, son capitaine.
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